Deuxième jour à Pékin, consacré au tourisme. Comme ce n'est pas la première fois que nous venons, nous cherchons à découvrir autre chose que les traditionnelles Cité Interdite et Grande Muraille que nous avons déjà visité (mais ne vous méprenez pas : on peut certainement visiter cent fois l'ancien palais impérial et encore y découvrir quelque-chose !). Toutefois, il nous faut auparavant affronter un monde sans Google ni tous les services auxquels nous sommes habitués (comprenez par là : pas de recherche, pas de cartographie, pas de mail, ni même de PlayStore pour installer les applications alternatives...) : c'est là qu'on réalise toute la dépendance que l'on entretient vis-à-vis de ces entreprises omniprésentes chez nous ! Heureusement, notre amis G nous accompagnera toute la journée, et avec ses conseils nous découvrons peu à peu leurs équivalents chinois, dont la liste s'est considérablement étendue et modifiée depuis mon dernier article à ce sujet !
Le projet initial pour ce matin était la visite du 大会堂
Après discussion, nous nous rendrons à 圆明园
On notera à titre d'anecdote que la fameuse lettre de Victor Hugo condamnant le sac du Palais d'Été (condamnation justifiée, par ailleurs) n'a pas empêché l'écrivain de se porter acquéreur de certains biens pillés pour décorer sa propre maison à Guernesey...
Le palais (ou les palais, car comme pour la Cité Interdite il s'agissait d'un ensemble de nombreux bâtiments) était comme la plupart des constructions chinoises construit en bois. Tout ayant brûlé, il ne reste qu'un très beau parc où chaque pas butte sur les pierres constituant les fondations des bâtiments précédemment existants. Ironiquement, et en un pied de nez comme seule l'Histoire sait en concocter, les parties les mieux préservées sont celles – en pierre – construites "à l'européenne" par les Empereurs férus d'Occident qui s'étaient attachés les services d'architectes et de paysagistes Européens. Laissées volontairement en l'état, ces ruines témoignent depuis plus d'un siècle et demi de l'humiliation nationale, et contribuent à l'entretien d'un nationalisme chinois omniprésent (les autorités tant impériales, républicaines que communistes ont parfaitement su utiliser à leurs fins cette grossière "erreur"/"horreur" politique de l'Occident, gommant ainsi les critiques qu'elles auraient par ailleurs pu recevoir sur d'autres aspects).
Parmi ces ruines "européennes", le fameux labyrinthe a été récemment reconstruit. On découvre également les vestiges d'une mosquée, l'islam étant la confession de l'une des concubines favorites d'un empereur qui lui avait érigé ce lieu pour qu'elle puisse pratiquer son culte, et la tristement célèbre fontaine originellement ornée de 12 têtes de bronze correspondant aux animaux du zodiac chinois, dont une partie manque encore à l'appel et dont les Chinois ont fait de la restitution une question de principe.
À midi, nous déjeunons dans un restaurant de Dim Sums (prononciation cantonaise de 小吃
Nous visitons ensuite 地坛
Le parc environnant est assez petit et vite visité, mais il comporte quelques beaux endroits dédiés à la santé et à la médecine traditionnelle.
À proximité immédiate se trouve 雍和宫
Les noms des bâtiments sont écrits dans les 4 scripts principaux en usage dans la Chine de l'époque (d'aujourd'hui aussi, d'ailleurs) que sont le tibétain, le chinois, le mongol et le ouïghour.
Le hall le plus vaste abrite un bouddha géant, inscrit au Guiness des records : taillé dans un arbre unique, il est haut de 26 m (18 m au-dessus du sol, 8 m enterrés pour maintenir la stabilité du tout) !
En sortant, si nous avons le temps de déguster une glace au matcha (délicieuse car pas trop sucrée), il est trop tard pour visiter le Temple de Confucius également situé à proximité (les visites ne semblent plus possibles après 17h). Une stèle sur le bord de la chaussée qui y mène indique que par respect les cavaliers sont priés de mettre pied à terre.
Le quartier est constitué de Hutongs (ruelles pékinoises typiques) réhabilitées à l'occasion des JO de 2008 (évitant ainsi la démolition, comme ce fut le cas dans nombre d'autres quartiers). L'ensemble est très propre, abritant cafés, magasins, fast-food... Rien à voir somme toute avec les ruelles traditionnelles grouillantes de vie (et souvent crasseuses) qu'elles sont sensées représenter. C'est joli, mais un peu faux.
Le restaurant du soir n'est pas bien loin. J'y avais déjà mangé il y a deux ans : le cadre est agréable et la nourriture excellente. Outre G et sa femme W (qui nous a rejoint une fois sa journée de travail achevée), nous y retrouvons DY, qui a étudié à l'École des Mines de Douai en même temps que Q et que j'ai connu en même temps qu'elle. Beau costume et portable qui sonne sans cesse, il est devenu un vrai businessman ! Sa femme n'est pas présente : elle travaille à Shanghai, où elle a réalisé son rêve d'ouvrir une librairie sur le campus de 上海交通大学 (Shanghai Jiaotong University) notre université à tous les trois (il l'a connue là-bas). Quelle belle chose que d'aller au bout de ses rêves ! L'inconvénient, c'est qu'ils ne se voient pas beaucoup, et que DY hésite entre garder son poste à Pékin et démissionner pour en chercher un autre à Shanghai.
Pour la deuxième fois en deux jours, c'est canard laqué et une kyrielle d'autres plats. La bouteille de vin rouge que nous avons amenée a du succès (sauf pour moi, qui me contente d'un véritable jus de kiwi – une carafe ! – sans sucre ajouté, s'il vous plait !).
Nous rentrons vers 21h, toujours avec les taxis "Uber chinois" car L commence à devenir ingérable. L'endormissement n'est pas facile : il fait une chaleur étouffante dans cette chambre, contre le mur de brique de laquelle le soleil a donné sans discontinuer toute la journée...
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