Aujourd'hui, nous nous rendons à Yangzhou (扬州
En vélo (vous ai-je déjà dit à quel point ces vélos en libre-service sont géniaux), nous gagnons une gare routière secondaire de Danyang où nous attrapons sans aucune attente le premier bus de la journée pour Yangzhou. Le voyage se passe sans encombre. Nous empruntons le grand pont suspendu (appelé 润扬大桥
Parvenus à destination, notre première préoccupation est de prendre les billets pour le retour. Demain, c'est en effet le 1er mai, et comme en France il s'agit d'un jour férié. Nous savons par expérience que les places deviennent vite difficiles à obtenir lorsque tout le monde en profite pour rentrer voir sa famille. Le dernier car pour Danyang part à 17h20. C'est tôt, mais nous n'avons pas vraiment le choix.
Nous achetons pour 5 ¥ une carte de la ville, achat qui va se révéler extrêmement précieux. Grâce à elle, nous prenons le bus jusqu'à une maison de thé au cadre traditionnel soigné où nous avons rendez-vous avec nos amis. Comme ceux-ci ne sont pas encore là, nous patientons en observant avec amusement le manège de deux 文艺青年 (
Cette maison de thé nous avait été recommandée par une amie. Comme nous avons déjà petit-déjeuné, il n'est pas très opportun de goûter ce qui s'y fait, mais YQ n'a pas encore mangé et elle y remédie en commandant quelques 包子
En sortant du restaurant, nous discutons avec des "tireurs" de pousse-pousse (qui ne "tirent" pas grand-chose puisqu'ils pédalent) qui nous proposent de faire avec eux le tour du lac 瘦西湖 (
Nous embarquons alors pour notre tour. Nos deux "guides" sont aimables et répondent à nos questions. Nous remarquons à quel point Yangzhou est verte comparée à d'autres villes des environs : le lac et les différents parcs qui y sont rattachés forment un véritable poumon vert au cœur de l'agglomération. Nous passons devant un premier monastère bouddhiste dédié à Guanyin (vraisemblablement destiné à accueillir des nones, de par la divinité du lieu et l'absence de pagode). Avisant un second temple (大明寺
L'entrée n'est pas donnée (60 ¥ par personne, incluant l'ascension de la pagode). Le temple est relativement "classique" dans son organisation (je ne vais pas me répéter et vous renvoie à la visite de 鸡鸣寺 à Nankin il y a quelques jours). En ce qui concerne la tour, les différents étages abritent des reliques (notamment de petites "pierres" sensées constituer ce qui reste des grands maîtres bouddhistes après leur crémation) ou bien quatre Bouddhas placés dos-à-dos et représentant les Bouddhas des différents points cardinaux.
En sortant au premier étage, nous sommes les témoins privilégiés d'une scène inattendue. Un moine, se tenant à proximité d'un bâtiment à notre droite, se met à frapper en cadence un poisson de bois. Une procession de moines fait alors son apparition et s'étire bientôt depuis le hall principal, passe à nos pied et se dirige vers ce qui doit être le réfectoire. Presque tous sont habillés de robes safran ré-haussées d'une toge rouge. Nous comprendrons plus tard que s'ils ont ainsi revêtu leurs habits de cérémonie, c'est parce que le temple abrite en ce moment une convention à laquelle ils participent.
Une fois tous les moines parvenus à destination, nous poursuivons notre ascension. Le paysage est impressionnant, notamment du côté du lac, qui forme à vrai dire plus un entrelacs de canaux et d'îlots couverts de verdure qu'une véritable étendue d'eau.
En redescendant, nous voyons les moines ressortir du réfectoire, suivant leur supérieur dans un joyeux désordre, direction ce que je soupçonne être le bâtiment contenant leurs cellules où ils pourront faire la sieste.
Tandis que certains d'entre nous se reposent un peu au pied de la pagode, je pousse jusqu'à un hall où des décors en papier de soie (bateaux, chevaux, etc.) suggèrent une sorte de spectacle en préparation. En tentant de visiter le grand hall, nous le trouvons temporairement inaccessible et comprenons qu'une convention s'y tient. Devant les grandes statues dorées de Bouddha, des sièges s'alignent devant des pupitres sur lesquels reposent ce que nous pensons être des livres de prière.
Pour la petite histoire, il semble que ce soit un moine parti de ce monastère qui ait amené le bouddhisme au Japon au cours de la dynastie Tang (618-907), ce qui en fait une destination privilégiée de nombreux touristes Japonais.
En sortant du temple il est l'heure de manger et nos estomacs crient famine. Nous sommes rejoints par la sœur de YQ et son copain, qui passeront le reste de la journée avec nous. Après délibération, nous décidons de manger dans le salon de thé de ce matin, dont les
Le repas ne restera pas dans les annales : si ce n'est pas très cher, le goût est très moyen. Le riz sauté de Yangzhou (扬州炒饭
Le repas terminé, nous longeons un canal arboré et bien entretenu pour gagner l'entrée du parc entourant le lac 瘦西湖, dont nous voulons tout particulièrement visiter la partie liée aux fleurs et aux bonzais, appelée "parc des dix mille fleurs" (万花园
Le prix d'entrée (150 ¥ par personne) est très onéreux, mais le parc est un enchantement : disséminées ça-et-là, les compositions florales exhalent leurs couleurs dans cet écrin de verdure où il fait bon flâner. Quel dommage que notre bus parte si tôt ! Nous avons l'impression de traverser le parc au pas de charge. À 16h30, c'est à regret que nous prenons congé de nos amis.
Un bus passe devant nous ; son terminus est la gare routière où nous souhaitons nous rendre ! Le problème, c'est que nous ne sommes pas à un arrêt, et malgré un bon sprint nous le manquons. Nous attendrons en vain le suivant tandis que de nombreux taxis, tous pleins, nous dépassent. Après ce qui semble être une éternité, nous parvenons à en héler un.
Je ne sais pas trop ce que nous avons avec les taxis, mais à chaque fois que nous leur demandons de rallier une gare ou un aéroport ils pensent que nous sommes en retard et se transforment en kamikazes, zigzaguant entre les voitures à une vitesse folle. Sachant que nous ne sommes pas attachés, ça ne me tranquillise pas beaucoup. Finalement, nous arrivons en un temps record. Comme prévu, il y a beaucoup de monde à la gare routière. Nous avons été inspirés en réservant nos places ce matin. Autrement, nous aurions dû passer la nuit à Yangzhou !
Une fois le bus démarré, nous réalisons que nous sommes tombés sur le deuxième fou du volant de la journée. Non content de rouler très vite, il grille un feu rouge et double en roulant à tombeau ouvert par les voies réservées aux cycles, en chassant ceux-ci à grand renfort de klaxon.
Arrivés à Danyang, nous comprenons que la journée n'est pas terminée : notre bus pour rentrer à la maison n'arrive pas. Au bout de 25 min d'attente, il surgit enfin, plein à craquer ! Il ne s'arrête même pas. Il faut dire qu'il y a une telle foule à l'arrêt que même un bus vide ne parviendrait pas à embarquer tout le monde ! Comme il serait illusoire de dénicher un taxi, il nous reste une dernière solution : les vélos, ces merveilleux vélos en libre service ! Nous en prenons chacun un, et avanti ! La nuit est tombée pendant que nous attendions le bus, et les vélos chinois n'ont pas d'éclairage. Je trouve ça un peu dangereux.
Le meilleur reste toutefois à venir : au moment de franchir le canal, nous réalisons soudain... qu'il n'y a plus de pont ! À la place, un grand chantier, qui continue malgré l'heure tardive. Comment avons-nous pu passer à côté de ce détail ? Doit-on faire un détour par l'autre pont, celui où passe le bus, et que nous avions soigneusement évité car plus loin et à la circulation plus rapide et donc plus dangereuse ? Interrogés, les riverains nous assurent qu'en contournant le chantier, nous pouvons passer. Comment ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais puisqu'ils le disent...
C'est parti pour une course rocambolesque dans un dédale de ruelles non éclairées, sur des vélos sans lumières, sans trop savoir où nous allons, ni la présence ou non dans le revêtement incertain de la route de trous à même de causer une chute aussi magistrale qu'inattendue. Je renonce à compter les culs de sac ; nous avons l'absurde sensation de visiter un labyrinthe sans en avoir de vue d'ensemble. Finalement, nous tombons sur une famille aussi paumée que nous, mais qui possèdent en plus des vélos un scooter, dont les phares sont d'une réelle utilité. Qu'il roule vite, bon sang ! Nous tombons enfin presque par hasard sur un pont de chantier constitué d'échafaudages, recouvert d'une grossière chape de béton et auquel des plans inclinés donnent accès. Une fois de l'autre côté, c'est à nouveau le même entrelacs de ruelles obscures, dont nous nous extirpons à grand peine, bien incapables de suivre les panneaux de déviation invisibles dans la pénombre.
Nous arrivons enfin en terrain connu (et éclairé) et rejoignons rapidement la maison des parents de Q où L s'apprête à aller se coucher. Quelle aventure !
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