La première surprise du jour, c'est le ciel, d'un bleu magnifique ! Quelle chance ! En regardant la météo avant le séjour, je n'aurais pas parié un yuan dessus. Comme quoi, tout arrive !
Nous commençons par nous rapprocher du lac et achetons dans une rue adjacente quelques galettes à un restaurant musulman du Xinjiang, ainsi qu'un 豆浆
Arrivés au bord du lac, nous sommes ravis de voir la netteté avec laquelle la ligne des montagnes se découpe sur l'autre rive. Quel contraste par rapport à la veille !
Notre premier objectif, en longeant le lac par le sud, est la pagode Leifeng (雷峰塔
C'est ainsi qu'à l'exception de son aspect extérieur, le bâtiment en lui-même n'a pas grand intérêt : même les "boisures" externes sont en métal peint ! Ce qui vaut le coup, en revanche, ce sont les bas-reliefs illustrant la légende du Serpent Blanc, ainsi que certaines scènes bouddhistes, et bien sûr la vue extérieure, magnifique par ce temps splendide. Des terrasses, on peut contempler la ville à l'est, le lac lui-même, les montagnes à l'ouest où est produit le fameux thé 龙井
Voici sans doute l'occasion de profiter des bas-reliefs illustrant la Légende du Serpent Blanc (白蛇传
Il y a de cela des milliers d'années, un jeune berger sauve des griffes d'un serpentaire un petit serpent blanc. Celui-ci – ou plutôt celle-ci, car il s'agit d'une femelle – se nomme 白素贞
Bai Suzhen est alors bien décidée à retrouver son sauveur, ou plus exactement le descendant de celui-ci, qui se nomme 许仙
La rencontre est romantique à souhait : Bai Suzhen, accompagnée d'une amie, l'esprit d'un serpent vert nommée 小青
Ces deux-là tombent amoureux, se marient, Bai Suzhen est enceinte. Tout va pour le mieux jusqu'à la fête des bateaux dragons, lorsque Bai Suzhen croise la route de 法海
Bai Suzhen n'a cependant pas dit son dernier mot. Elle parvient à arracher l'âme de son mari aux enfers et à le faire ressusciter. Ce faisant, elle franchit une nouvelle ligne rouge qui lui vaut d'être combattue par Fa Hai. Celui-ci enlève Xu Xian, qu'il enferme dans le temple de la montagne d'or (金山寺
La légende prétend que Bai Suzhen, Xu Xian et leur fils seront réunis le jour où Serpent Blanc aura expié ses fautes, et que la pagode s'effondrera (ce qui s'est finalement produit).
On peut voir diverses interprétations quant à cette légende, notamment vis-à-vis des motivations de Fa Hai. Le mariage, interdit, entre l'esprit serpent et un mortel, s'apparente à un mariage socialement mixte, entre un pauvre herboriste et une jeune fille de la haute société. Ce genre d'union devait très certainement être jugée contre-nature à l'époque où les différentes versions de la légende ont commencé à circuler. La vision moderne, développée principalement sous la dynastie Qing, et poursuivie par l'opéra puis le cinéma, en a fait un mythe romantique.
En sortant du complexe, nous avons l'agréable surprise d'un point de ravitaillement en eau chaude. À l'instar de presque tous les Chinois, nous transportons un thermos à thé que nous remplissons régulièrement.
Nous prenons ensuite le bus, qui après pas mal de bouchon nous dépose à proximité du temple 灵隐寺
Le temple en lui-même est immense, avec une quintuple succession de grands halls. Q déplore tout de même l'aspect mercantile omniprésent, pour un lieu sensé inspirer le repos de l'esprit. Fatiguée, elle ne montera pas jusqu'en haut. Moi si, et j'admirerai les différents halls de ce joli temple.
Notre troisième objectif de la journée est le Musée National du Thé, judicieusement placé à mi-chemin entre Hangzhou et le village de Longjing, au milieu des plantations de ce fameux thé. Dans le bus, une sympathique dame d'un certain âge s'intéresse à notre objectif, nous conseille vivement d'aller jusqu'au village plutôt qu'à ce musée sans intérêt. Nous ne comprenons pas trop la raison de son insistance, et décidons de visiter le musée comme prévu.
Quelle n'est pas notre déception en constatant qu'il est fermé le lundi ! Nous nous consolons en prenant quelques photos des champs de thé, puis nous attendons (très) longtemps le bus du retour, en nombreuse et bruyante compagnie.
Finalement, nous reprenons à pied au niveau du lac, sur l'île où se trouve le parc 中山
Nous continuons sur l'étroite bande de terre séparant les eaux du lac en admirant un magnifique coucher de soleil qui illumine les montagnes environnantes. Un vieil homme utilise un cerf-volant très semblable à celui que Q et moi possédons. Il y a pas mal de monde. Il faut dire que le passage est relié à la ville par un dernier pont, le pont "brisé" rendu célèbre par l'omniprésente légende du Serpent Blanc. N'eut été cette légende, personne n'y aurait prêté attention : il est semblable à de nombreux ponts des environs, ni particulièrement joli, ni brisé par ailleurs. Les Chinois disent toutefois en plaisantant que si autant de gens restent dessus en permanence, il finira par réellement se briser.
Durant le repas du soir, nous sommes particulièrement frappés par la table voisine, où deux amies (du moins nous le supposons) sont venues manger accompagnées de leur enfant respectif : à quatre, ces voisins de tablée totalisent trois écrans. Pas une parole n'est échangée. Les gamins jouent aux jeux vidéo, se battent, pleurent, etc. alors que leurs mamans, absorbées dans leurs séries respectives ne semblent pas conscientes de ce qui les entoure. On se demande vraiment pourquoi ils sont venus manger là !
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