Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Ce dernier mois a été particulièrement intense, tant sur le plan personnel que sur celui du travail au laboratoire, ce qui ne m'a guère laissé de temps pour tenir ce blog. Des requêtes ayant été émises de la part de ma famille, en voici un peu plus.

Q est arrivée fin septembre et vient de repartir pour la France, pour commencer sa nouvelle vie de "jeune cadre dynamique" (je la charrie avec ça, mais elle est un peu stressée par les nouveautés de la vie professionnelle). Durant son séjour en Chine, j'ai alterné périodes avec elle et travail au laboratoire. Voici une narration de certains de ces épisodes. J'insisterai sur les aspects qui m'ont le plus marqués ou étonnés.

Je suis allé la chercher à l'aéroport à son arrivée, et nous sommes ensemble allés chez elle, près de Nankin (située à 200 kilomètres environ de Shanghai). Initialement, nous avions prévu de prendre l'un des trains rapides effectuant la liaison. Il s'agit de trains modernes, tout blancs, apparemment le fruit d'une collaboration entre la Chine, les Japonais, Alstom et Siemens. La vitesse de ce train est en moyenne de 180 km/h, avec de courtes pointes a 250 km/h. Il est par conséquent fort commode pour effectuer de tels trajets entre grandes villes, d'autant que son aménagement intérieur est bien pensé (il y a notamment plus de place pour les jambes que dans un TGV). Cependant, notre plan est tombé a l'eau, de par la faute du calendrier. Q est arrivée deux jours avant la fête nationale chinoise (qui a lieu le premier octobre) et sa période de congés et de jours fériés. Il s'agit, avec le Nouvel An chinois, de l'un des moments durant lesquels le pays tout entier est le théâtre du mouvement simultané de centaines de millions de personnes. De ce fait, gares ferroviaires et routières sont bondées et obtenir des billets relève de l'exploit. Sans doute pour éviter les achats massifs et les reventes au marche noir, China Railway ne dispose pas de facilités de réservation en ligne et limite les délais durant lesquels il est possible de se procurer les billets tant convoités (l'offre est largement inférieure à la demande, malgré les trains supplémentaires mobilisés pour l'occasion). Étant pris par mon emploi du temps, c'est un ami qui s'était chargé de les acheter, mais il a été débouté par les employés, car il n'est pas possible d'acheter des billets plus de cinq jours avant le départ (ce qui était le cas, vu que c'était une semaine avant). Je suis donc allé faire la queue à mon tour, dès le début de cette fameuse période autorisée, mais tout avait déjà été vendu en quelques heures. Nous nous sommes donc rabattus sur le bus et avons réussi, grâce a un autre ami, à obtenir des places dans un autocar (paradoxalement plus cher que le train, pourtant beaucoup plus rapide).

Aller de l'aéroport à la gare routière s'est avéré plus difficile que prévu. La première difficulté était liée aux bouchons accompagnant cette frénésie collective de déplacement, mais nous avons réussi à arriver à la gare ferroviaire dans des délais raisonnables. Pour trouver la gare routière, cela s'est révélé beaucoup plus difficile. J'avais regardé sur un plan (et je sais maintenant que mon idée initiale de la position de la gare était bonne), mais nous avons pris un mauvais chemin, influencés que nous étions par d'autres gares routières (il y en a au moins trois dans la zone). Un chauffeur de taxi nous a promenés avant de nous déposer devant la mauvaise et s'enfuir, fort content de nous avoir plumés, et nous nous sommes retrouvés dans une situation assez critique. Heureusement, un deuxième taxi nous a approché du bon endroit, et finissant à pied en courant (le taxi était bloqué par les bouchons), nous avons pu monter dans le car juste à temps. J'avoue que je ne referai pas ça, car courir dans une foule en traînant des valises n'est pas agréable.

Le séjour chez Q était fort bien. Un épisode marquant a été la journée passée avec ses oncles, tantes, cousin et cousines chez ses grand-parents. La politique de l'enfant unique étant en application, ces réunions de famille sont un peu différentes des nôtres, car il y a plus d'adultes que d'enfants (heureusement, les jumelles comptent pour une personne vis-a-vis de cette politique, et aident à réduire cet écart). C'était pour moi la première fois que je visitais la campagne chinoise, loin des villes gigantesques, au milieu des rizières. La journée s'est très bien passée, nous avons fort bien mangé (c'est la Chine), et j'ai pu avoir un aperçu de quelques jeux de cartes et de mah-jong (qui en fait n'a rien à voir avec le jeu habituellement disponible sur les ordinateurs, et est un équivalent chinois des jeux de cartes).

Après quelques jours chez Q, nous sommes tous deux partis pour Suzhou. La ville est surnommée "la Venise de l'Orient", et passe pour l'une des plus jolie villes de Chine. Suzhou elle-même est, à l'exception des jardins que nous avons visités, presque aussi grouillante et industrielle que les autres villes. La partie de plaisir a réellement commencé lorsque nous avons gagné une des petites villes de sa périphérie, Tongli, qui a su préserver l'authenticité de sa réputation. Nous avons dormi chez les habitants, au milieu de la ville. Les bâtiments sont anciens, les canaux omniprésents et les jardins splendides. Bien que touristique, l'endroit n'est pas bondé, et nous avons passé deux jours magnifiques.

La semaine suivante, je suis retourné à Shanghai pour travailler, et passer notamment l'un des examens les moins réussis de ma carrière, au moins au même niveau que l'épreuve de maths du concours Mines-Ponts à la sortie de la prépa. Cette interrogation portait sur l'anglais de ma spécialité, en l'occurrence l'anglais informatique. Il s'agit là d'une matière qui ne donne lieu à aucun cours ni préparation et qui paradoxalement est testée au début du semestre. Les Chinois ne la craignent généralement pas et y obtiennent tous de bonnes notes. Là où le bas blesse, c'est que pour obtenir cette facilité, l'examen n'est rien d'autre qu'une épreuve de traduction d'un (long et difficile) texte... de l'anglais au chinois. Il va sans dire que ma performance a été désastreuse, car non seulement je ne maîtrise qu'incomplètement le vocabulaire en question, mais je suis également très lent lorsqu'il s'agit d'écrire du chinois à la main. Je verrai bien ce que cela donnera... Peut-être puis-je compter sur un accès de pitié des correcteurs...

Cet examen expédié (enfin, j'ai peiné jusqu'au bout de l'heure et demie réglementaire), je suis allé à la gare pour attraper un train pour rejoindre Q chez elle en vue de notre départ pour Pékin.