Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

J'ai réalisé hier ma première présentation en chinois. De l'avis de l'assistance, ce n'était pas mal du tout pour un début (parce que du point de vue purement linguistique, il y a encore beaucoup à redire). L'exercice représentait un défi de taille : présenter en 45 minutes un papier de recherche (en anglais) qui m'avait été donné au préalable. Le vocabulaire est loin d'être trivial et c'était surtout la première fois que je devais parler aussi longtemps de choses aussi complexes. C'est assez différent de la discussion éclair que l'on peut avoir avec la personne qui sert le repas à la cantine !

J'avoue que j'étais très stressé par cette présentation. Bien sûr – et comme toujours – le stress m'a quitté lorsque ça a commencé, et je me suis jeté dedans à corps perdu. La préparation a toutefois été longue et délicate. Grâce à Q, je disposais de phrases magnifiques à prononcer lors de chacune des diapositives, mais il m'est vite apparu que je n'étais pas capable d'apprendre par cœur quoi que ce soit de ce genre et de le ressortir. Cela aurait été d'autant plus impossible que le prof ne cessait d'interrompre les élèves qui présentaient pour poser des questions (avec gentillesse). J'ai donc décidé de faire comme je fais pour toutes les présentations (en français et en anglais), à savoir que je retiens les idées et le vocabulaire dont j'ai besoin pour les exprimer, et je me contente de créer mes phrases au fur et à mesure. C'est à mon sens beaucoup plus naturel.

Le matin même, j'avais déjà réalisé ma prestation devant un doctorant de mon laboratoire. Trop stressé, ça n'avait pas été très concluant. Une de mes caractéristiques est de stresser quand il n'y a pas d'enjeu, et de dé-stresser au moment clé (il vaut mieux, remarquez...). Ma piètre performance de la matinée ne m'a donc pas porté préjudice, et m'a sans doute conforté dans l'idée que je pouvais au moins être compris.

Finalement, le prof était "admiratif" (c'est vraiment rare de trouver des élèves qui suivent des cours en chinois et font des présentations dans cette langue – aucun pour être honnête), et j'ai eu des remarques positives de gens avec qui j'avais fait des cours et des projets, qui ont signalé mes progrès (et bien sûr suggéré quelques améliorations).

Je ne me voile pas la face : ma prestation était linguistiquement passable, mais exceptionnelle si l'on considère que je n'ai pas suivi de cours de chinois depuis le lycée (où l'on apprend à dire bonjour et parler du temps qu'il fait, sans réussir à se faire comprendre du moindre Chinois que l'on rencontre) et que j'ai travaillé seul pour en arriver où j'en suis. Courage, peut-être qu'un jour je saurai parler chinois...