Ce matin, nous avons longé un petit chemin ombragé au bord d'un canal pour accompagner le père de Q au marché. Les Chinois font généralement des courses tous les jours pour disposer de produits frais (sauf si leur emploi du temps est incompatible, ce qui est souvent le cas pour la jeune génération). Cela explique par exemple pourquoi le frigo de mes beaux-parents est plus décoratif qu'autre chose : achetant quotidiennement ce dont ils ont besoin, il n'ont pas la nécessité de stocker comme nous le faisons nous des aliments pour toute une semaine.

Le marché serpente dans les ruelles de la vieille ville, au bord des canaux qui devaient autrefois servir de voies privilégiées pour acheminer les denrées (de nos jours, c'est plutôt en triporteur motorisé que les commerçants arrivent le matin).

Ruelles du marché
Le marché serpente dans les petites ruelles.

J'ai souhaité aller au marché pour assouvir ma curiosité, et je n'ai pas été déçu : quel foisonnement de couleurs et d'odeurs ! Il y a quantité de fruits et de légumes que nous ne connaissons pas en France, du tofu sous toutes ses formes, des animaux vivants (poulets, poissons, etc.) et des épices de toutes sortes. Au côté des vendeurs permanents aux étals très fournis, quantité de petits paysans viennent vendre les excédents de leurs cultures vivrières pour arrondir leurs fins de mois, proposant quelques légumes posés sur une natte. Avec mon appareil photo, je ne suis pas passé inaperçu et j'ai pris soin de marcher à bonne distance du père de Q, afin d'éviter toute inflation dommageable des prix !

Petits commerçants
En plus des permanents, il y a quantité de petits vendeurs écoulant les restes de leurs cultures vivrières.
Légumes
On trouve des légumes que nous n'avons pas nécessairement en France...
Pousses de bambou
... et ces pousses de bambou dont les Chinois raffolent.
Couleurs
Foisonnement de couleurs avec ces haricots, fèves et autres graines...
Épices
... qui n'ont rien à envier aux épices...
Fruits et légumes secs
... ni aux fruits et légumes secs !

La plupart des étals vendant de la viande découpée (porc et bœuf principalement) consistent en de simples planches de bois posées sur des tréteaux et sur lesquelles s'alignent les quartiers de viande. Je n'ose imaginer la réaction d'un inspecteur de l'AFSSA en vacances dans le coin : je n'ai vu qu'un étal réfrigéré sur tout le marché, et encore je ne suis pas sûr qu'il ait été en état de marche ! Le fait de vendre de la viande très fraîche est sans doute le seul gage de garantie que l'on peut exiger, et cela explique la propension des Chinois à acheter leur nourriture (poissons, poulets, etc.) vivante ; même s'il est vrai qu'en ce qui concerne le bœuf ou le porc, cela poserait des problèmes logistiques autrement plus importants.

Étal du boucher
L'étal d'un boucher !
Couleurs
Là encore de belles couleurs !
Tofu
Et du tofu sous toutes ses formes !
Monnaie pour les morts
Ce commerçant vend de la monnaie à brûler pour les morts... Des iPads en papier aussi, des fois que ça leur serve !

À midi, nous sommes allés avec L manger au restaurant, invités par d'anciens camarades de lycée de Q. Nous comptions trouver un taxi, mais à 11h30, heure de la pause déjeuner pour les chauffeurs, c'était peine perdue, et nous avons dû nous rabattre sur le bus et continuer à pied jusqu'au restaurant. Nous ne nous souvenions d'ailleurs plus de celui-ci, mais nous y étions déjà allés en 2008 lors du mariage d'une amie (les Chinois organisent généralement leur cérémonie de mariage au restaurant, tout comme ce fut le cas pour nous). Pour le repas, nous n'occuperons bien sûr pas cette fois l'une des deux grandes salles mais l'un des petits salons privatifs adjacents : déjà nous sommes peu nombreux, mais surtout ces salles sont réservées car ce 2 mai pas grand monde ne travaille, et deux mariages en profitent justement. Nous entendrons de ce fait tout au long du repas la voix amplifiée des animateurs et les musiques romantiques ponctuant la cérémonie.

Je retiendrai de ce repas ce plat de pignons de pin, fort bon, mais dont l'assaisonnement mystère nous a échappé jusqu'au troisième service. C'est Q qui la première a réalisé que ces petits trucs noirs n'étaient pas des herbes de quelque-sorte, mais bien des fourmis grillées ! C'est pour tout dire la première fois que je consomme des fourmis (celles-ci sont d'une taille de 4-5 mm) et je dois avouer que ça n'a pas de goût particulièrement fort ou désagréable.

Le repas achevé, nous discutons un peu. Les camarades de Q sont un peu rassurés de constater que je comprends relativement bien le chinois, eux qui s'attendaient à ce que je ne sache que dire 谢谢 xie4xie (merci) et qui ne savaient trop avant notre arrivée comment ils allaient bien pouvoir meubler la conversation sans me laisser impoliment dans mon coin.

Nous nous faisons ensuite déposer à Auchan, où nous achetons de la Volvic pour le biberon à L (je sais, ce n'est pas écologique – ni économique, mais que ne ferait-on pas pour son gamin !), un peu de thé dans une boutique spécialisée du centre commercial et décidons bien vite de rentrer : il y a trop de monde pour nous et L, qui a jusqu'à présent refusé de faire la sieste, commence à être difficile à tenir.

C'est en quittant le magasin que le bonhomme sombrera dans le sommeil, allongé dans sa poussette. Conscients que prendre le bus risque de le réveiller (normal, il faut pour cela plier la poussette) nous décidons de rentrer à pied. Durant toute l'heure que durera le retour, L dort à poing fermé, inconscient des coups de klaxons incessants, parfois juste à un mètre de lui, ou des sonos surpuissantes des magasins qui nous démolissent les oreilles. Les enfants sont parfois incroyables !