Ce midi, une amie de Q vient manger à la maison. C'est une agréable coïncidence qu'elle se soit trouvée dans les parages à ce moment précis, car elle habite d'ordinaire à Hong-Kong, où nous l'avions visitée l'année dernière. Nous en profitons pour rendre tous ensemble visite aux parents de SH, chez qui nous logerons à Singapour dans quelques jours.

La conversation est intéressante, car elle porte sur l'éducation des enfants, notamment ce qui a trait à leur scolarité. Comme presque tous les enfants des familles chinoises "aisées", les enfants de SH croulent sous les cours particuliers, que ce soit de maths, d'anglais ou de piano, à coup de demi-journées entières qui se chargent d'occuper leurs weekends. À 4 et 6 ans, nous sommes tous d'accord qu'ils devraient avoir encore la possibilité de jouer ou se reposer un peu ! Pour les Chinois (en Chine ou outre-mer), cette vision des enfants transformés en bête à concours est plutôt la norme, avec un système scolaire ultra-compétitif qui impose la surenchère et met une pression terrible sur les épaules pourtant fragiles de ces chères têtes blondes noires dès qu'elles sont en âge de comprendre quelque-chose. Le jeu, la créativité, le simple repos sont proscrits. Les parents se ruinent parfois pour cette éducation très rigoriste, en un investissement pour le futur dans un pays où la protection sociale n'est pas nécessairement au top. La pression sur les enfants, outre le fait de les formater dans un moule dont ils auront du mal à se défaire, peut parfois les pousser au suicide. Q, qui a vécu ce genre de situation elle-même (ses parents sont tous les deux profs) ne souhaite pas imposer ça à L. Ce système duquel il est très difficile de s'extraire est l'un des freins (avec la pollution) qui ont jusqu'à présent repoussé un retour en Asie.

L'après-midi, comme il faut bien que les adultes s'amusent pendant que les enfants triment, nous allons tous les trois au karaoké (卡拉OK ka3la1oukey !). J'aime beaucoup, même si je ne chante pas forcément très bien. C'est un loisir plutôt prisé des Chinois, qui est plutôt cher en soirée quand il y a affluence, mais plutôt bon marché lorsque comme ici c'est encore l'après-midi. Avec les années, je commence à connaître pas mal de chansons chinoises, mais la difficulté porte plutôt sur le déchiffrage des sous-titres, le plus souvent en chinois traditionnel. N'étant pas trop habitué à lire ce type de caractères, je me fais souvent surprendre par leur vitesse de défilement !

Karaoké
C'est juste pour la pose : en général, on chante plutôt face à l'écran !

Nous constatons en nous promenant que Dong le démolisseur n'est pas encore partout parvenu à ses fins, même s'ils s'y emploie sans doute activement : quelques maisons encore debout, parfois isolées au milieu des ruines signalent les quelques irréductibles résistant encore et toujours. Naturellement, il y a fort à parier qu'ils ne tiendront pas longtemps, face aux menaces et aux potentiels passages à tabac...

Irréductible 1
Vous n'aurez pas ma maison !
Irréductible 2
Ni la mienne !

Nous terminons cette journée détente à deux, notre amie ayant pris un train en fin d'après-midi, par un rapide repas dans un boui-boui, où je me fais un pantagruélique 鱼香肉丝炒饭 yu2xiang1rou4si1 chao3fan4 (riz sauté aux lamelles de viande goût poisson), un plat emblématique de mon expérience chinoise.