Les trois jours qui ont suivi notre escapade à Shanghai ont été plutôt calme. Nous les avons mis à profit pour visiter famille et amis à Danyang, ainsi que pour passer du temps avec L, qui commençait à se méfier de ces siestes à l'issue desquelles les parents disparaissaient mystérieusement pour plusieurs jours !

Ce qui est marquant avec les repas au restaurant cette année, ce sont les effets de l'entrée en vigueur tout récemment d'une nouvelle loi qui proscrit tout alcool au volant (punition de 12 points et de 5 ans d'interdiction de permis pour tout taux contrôlé supérieur à 0g par litre de sang) : ça marche du tonnerre ! À quand une telle chose en France ?

Vendredi – un 1er mai !, Q et moi sommes allés chez le coiffeur. J'avoue que la tête de la boutique et du coiffeur m'ont presque fait prendre la fuite. Habillé tout de rose et arborant de petites couettes, ce dernier ne balaie visiblement qu'une fois par jour grand maximum (et encore, ce n'est pas certain), ce qui dissimule le sol qui disparait presque entièrement sous une fantastique épaisseur de cheveux ! Après m'avoir labouré le crâne de ses doigts lors du lavage de mes cheveux, et m'avoir presque étranglé avec la blouse qu'il voulait me passer, il m'a finalement rassuré : une fois armé d'une paire de ciseaux, ses gestes précis ont exactement repris ceux de mon coiffeur nantais !

Quant au restaurant du lendemain avec la famille, je ne sais trop ce qui pousse à chaque fois les Chinois à commander du saumon cru – qu'ils ne mangent pas eux-même – avec cette idée fixe de me faire plaisir. Encore congelé (donc pas frais du tout), il est fade et immangeable ! Le reste, en revanche, était fantastique, et démontre une fois de plus que les Chinois savent inviter !

Ce 3 mai, c'est notre grand retour à Nankin, cette fois pour y voir des amis. Cependant, comme nous trouvons dommage de faire l'aller-retour pour seulement manger au restaurant, et que les amis insistent pour que nous amenions L, nous décidons de l'emmener faire un tour au zoo de la ville.

Le départ du train est à 9h, et mieux vaut donc ne pas traîner. Comme depuis quelques jours L est debout à 6h, je ne suis pas trop inquiet pour ça. Nous prenons un taxi pour la gare, d'où le train ne met qu'une demi-heure à rallier la gare de Nankin.

Le métro s'est considérablement étendu depuis notre dernière visite. Il ne compte toujours que deux lignes en service, mais il faut dire que cela faisait plusieurs années déjà qu'ils creusaient des trous partout, et que la jonction des différents tronçons en cours d'aménagement ne devait guère tarder. Je suppose que les Jeux Olympiques de la jeunesse que la ville a accueilli l'été dernier ont été l'opportunité rêvée d'inaugurer de nouvelles stations.

Il y a un monde fou au zoo. Si le temps est nuageux, il ne pleut pas (contrairement à hier), c'est dimanche, et qui plus est un grand week-end ! Le zoo de la "Montagne Rouge" est tout sauf plat, et pentes et escaliers ne sont pas ce qu'il y a de plus adapté à la poussette de L. L'année dernière, j'avais longuement vanté les mérite de la Yoyo que des amis nous avaient prêtée. Cette année, nous avons la nôtre : la famille en France s'est cotisée pour en offrir une toute neuve à L pour son anniversaire ! En Chine, pas trop de Yoyo, mais des "Yuyu" à foison, étrangement similaires, si ce n'est qu'elles doivent certainement bien coûter 200 € de moins !

Le pavillon des pandas ne compte qu'un spécimen, et Q doit jouer des coudes pour pouvoir le montrer à L. Le pavillon des tigres est quant à lui sinistre, à l'image de nos zoos ancienne formule (béton, grilles, troncs d'arbres morts, sans un brin d'herbe ni d'isolation sonore vis-à-vis de la foule dans laquelle les gamins piaillent à qui mieux-mieux. Les girafes et les éléphants sont heureusement mieux lotis, les mangoustes disposent d'un superbe petit coin de prairie aride, et L est ravi.

Malheureusement, le temps nous est compté, et nous ne resterons au final que peu de temps. D'un côté, ce n'est pas un mal, car il y a bien trop de monde pour moi ! Qui plus est, les petits bus électriques qui sillonnent le parc roulent à tombeau ouvert dans la cacophonie incessante de leurs klaxons, ce que je trouve autant stressant que manquant de respect. On fait mieux comme destination pour se reposer en famille !

Traverser Nankin en métro prend du temps, beaucoup de temps, et calmer les impatiences de L qui veut sortir à chaque station n'est pas évident. Il nous reste bien quelques biscuits (dont il est friand), mais à raison de trois biscuits pour 11 stations espacées chacune de quelques kilomètres, il faut y aller doucement. J'aime toutefois cette ligne 1 du métro, car elle émerge du sol au moment où elle passe les hautes murailles (préservées) de la ville, ce qui est plutôt sympa.

Les enfants de nos amis ont bien grandi en un an, et la comparaison avec nos souvenirs encore récents est amusante. En revanche, avec une moyenne d'âge de 3 ans, ils ne sont pas très sages, et L parait bien calme comparé à ses aînés. Il est par ailleurs impressionnant, goûtant et mangeant de tout, aussi pimenté ou acide que ce puisse être !

Après le repas, le petit bonhomme s'endort dans mes bras tandis que nous gagnons un parc non loin de là, où les enfants peuvent courir tout leur soûl tandis que nous nous essayons au cerf-volant.

Jouxtant le parc, un lotissement attire mon attention : il se présente sous la forme d'un immense château, façon conte de fée, avec grosses tours et toits pointus, le tout... rose Barbie ! Impressionnant ce que les architectes peuvent réaliser ici !

Après cette parenthèse de verdure, des amis nous déposent dans l'immense Gare Sud de Nankin. Le retour est délicat, car L est fatigué, court partout, et crie (bien trop) fort ! Nous trouvons l'ultime recours dans ce qui reste de notre dernier paquet de biscuits, lui en donnant morceau par morceau, puis miette par miette ! Finalement, il s'endormira arrivé à Danyang, dans le bus qui nous ramène chez les parents de Q.

Il est sale comme un peigne, mais impossible de le réveiller pour le laver un temps soit peu ; il se borne à marmonner "睡觉!" (shui4jiao4, dormir). Et en effet, il dormira comme une souche jusqu'au lendemain 8h ! Un répit que nous mettrons naturellement à profit, car le voyage avec lui, ce n'est pas une sinécure !

Lors d'un précédent article, j'ai déjà évoqué cette immense gare de 南京南 (Nan2jing1 nan2, Nankin Sud). L'entrée des départs, impressionnante, me démontre à chaque fois qu'en matière ferroviaire, les Chinois ont la folie des grandeurs.

Gare du Sud
L'entrée de la gare

Au-delà de cette architecture imposante, on peut noter la présence d'une grande statue de bronze devant la porte, dont voici un aperçu plus cadré :

Tianlu

Cet animal mythologique est un tianlu (天祿 tian1lu4 prospérité céleste), l'un des symboles de Nankin. Apparu aux alentours de la dynastie Han, vraisemblablement avec des influences venues d'Asie centrale par le biais des relations commerciales établies le long de la Route de la Soie (on retrouve certains points communs avec les sculptures babyloniennes), il représente au yeux des Chinois un protecteur de la richesse.

Cette statue de bronze est la réplique d'une statue en pierre, datant de 550 après JC environ et située sur le site du mausolée de Xiao Hong, dans la partie nord de la ville.

Tianlu Xiao mausolée Hong
(Source : cultural-china.com)