Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Décidément, il n'y a pas d'heure pour travailler ! Mais le porte à porte à une heure et demie du matin, je n'apprécie pas trop... Plantons le décor : il est donc une heure trente du matin, je viens de me coucher (d'accord, d'accord... Je travaille lundi...) et je me prépare à rejoindre les bras de Morphée pour une douce ballade dans l'univers des songes, lorsque soudain l'interphone se met à sonner. La première fois, je mets ça sur le compte d'une erreur. La deuxième fois, je commence à me douter que quelque chose ne tourne pas rond. La troisième fois, j'envisage de me lever (et je n'en ai pas du tout envie). La quatrième fois, je retrouve mes lunettes, la cinquième fois, je me lève enfin, et quand j'arrive devant l'interphone, je constate rageur qu'il n'y aura pas de sixième fois.

Quelque peu soulagé de pouvoir retourner dans la chaleur de mes draps (draps ou pas, de toute façon il fait tellement chaud, qu'un peu plus couvert ou un peu moins, la différence est minime), je me prépare à me rendormir. C'est là que l'on frappe à la porte. La première fois... etc... La cinquième fois, j'ouvre la porte, pour me trouver face à deux livreurs qui me tendent un bon de livraison (auquel je ne comprends rien, et que je ne fais pas même mine de lire à une heure pareille) en me disant qu'ils ont quelque chose pour un gars dont le nom ne me dit rien du tout. Considérant que je ne connais pas les noms chinois de tous ceux qui vivent dans l'appartement, je me mets en quête d'un couche-tard. Par chance, j'en trouve un, il va voir, discute cinq minutes, et comme il ne voit pas non plus de qui il peut bien s'agir, renvoie les livreurs.

En voilà une heure pour des livraisons ! Je crois que plus rien ne m'étonnera.

Eh bien si ! Ce soir, vers 21h (c'est quand même mieux), on frappe à la porte. Je vais ouvrir, pensant que c'est un colocataire qui a oublié ses clés, et me trouve nez à nez avec une bonne femme qui me fourre un badge officiel sous le nez et me demande d'un ton sec "your passport!". Moi, un peu interloqué, je me demande ce qu'on peut bien me vouloir. Elle rentre, sort un formulaire et commence à ma poser des questions. J'ai compris qu'elle ne parlait pas anglais du tout, en fait. Elle a simplement traduit une partie des questions sur le formulaire officiel. Pour le reste, elle tente de me poser des questions en chinois.

Là encore, c'est la quête effrénée de mes colocataires, et comme tout le monde est là à ce moment-là, ils prennent les choses en main. Elle prend les identités de tout le monde, et ne me casse pas trop les pieds, parce qu'elle voit que je me pose pas mal de questions sur ces procédés et que je suis un peu inquiet, ne comprenant pas vraiment où elle veut en venir.

J'aurai finalement le fin mot de l'histoire. Comme je l'ai signalé en parlant des formalités que j'ai été amené à effectuer au commissariat, mon propriétaire semble avoir "malencontreusement" omis la redevance à l'état qu'il devait, pour avoir le droit de louer autant de chambres dans un même appartement.

Au final, c'est lui qui va avoir des ennuis, mais j'espère que ça ne nous retombera pas dessus. J'ai craint un moment qu'il ne nous faille changer d'appartement, mais apparemment, ce n'est pas le cas. D'après un de mes colocataires, ce genre de situation illégale est extrêmement courant. Et de fait, la bonne femme faisait tranquillement tous les appartements de l'immeuble pour remplir son carnet de contravention comme on remplit son caddie à Carrefour...

Bien évidemment, je me serais bien passé de ce genre de frayeur. Peut-être que ce soir je vais pouvoir dormir sans être dérangé... Touchons du bois !