Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

J'ai encore passé une journée paradoxale : je me suis ennuyé au travail, et je n'ai pas eu le temps de faire tout ce que je voulais en rentrant à l'hôtel ! Bon, il paraît que demain je vais pouvoir faire un peu de programmation :P . J'en frétille d'impatience. Il n'y a rien de pire que d'être bloqué dans un endroit sans rien avoir à faire !

La journée a commencé par un lever à 6h30. On a beau dire, c'est tôt ! Je prends le bus d'Air Liquide, et c'est parti pour une bonne heure de slalom dans Shanghai, dans une circulation plus que dense. Pourtant, je ne vais pas me plaindre : le bus est gratuit, il me prend à 100 m de l'hôtel et me dépose juste devant la porte de l'entreprise !

Aujourd'hui, il fait nettement moins beau que ces derniers jours. Le ciel est couvert et il ne fait pas spécialement chaud. Pas de doute, le soleil a fait ses valises. Peut-être est-il en France ? J'ai cru comprendre que le mois de mai n'y remplissait pas les promesses que laissait envisager le mois d'avril... J'ai ma théorie là-dessus : en partant, mon avion est monté trop haut. Le soleil est resté accroché sous les ailes, et a été entrainé jusqu'à Shanghai. Là, l'avion a survolé la ville (l'aéroport international de Putong est à l'Est, au bord de la mer. Le soleil est allé s'empaler sur l'un des grattes-ciel, et aura passé les trois jours suivants à essayer de se libérer. Maintenant, il est en route pour la France... (enfin, si j'en crois les prévisions de Météo France pour jeudi !).

En me rendant au travail, je remarque qu'il y a un magasin Carrefour près de 中山公园 (Carrefour, appelé 家乐福 Jia1le4fu2, ce qui peut se traduire approximativement par "la maison du bonheur" ;) ). Je suis aux anges. Il faudra que j'y passe un de ces jours en revenant du travail. Peut-être y trouverai-je des choses intéressantes :p ... Carrefour est une enseigne qui a un certain succès en Chine, car ses produits y sont généralement appréciés par les consommateurs, pour un prix équivalent à ceux des supermarchés chinois. Moi, ce qui m'intéresse surtout, c'est qu'on peut y trouver des choses qu'on ne trouve nulle part ailleurs en Chine (sauf à Auchan, mais c'est plus cher) : fromage, pain, huile d'olive, pâtes italiennes, moutarde, etc... Décidément, il faut que j'y aille !

Au travail, j'essaie de faire comprendre à ma chef que j'en ai assez de me tourner les pouces, et que je veux travailler. Qu'elle me donne n'importe quoi, mais que je cesse de m'ennuyer. Finalement, je récupère le travail d'un gars de Tianjin, qui a d'autres chats à fouetter. Ouf ! Mais je ne pourrais commencer que demain... Qu'à cela ne tienne, je passe le reste de la journée à préparer ce fameux travail !

A midi, je mange avec mes collègues dans une cantine commune aux entreprises du coin. Le lieu est plein à craquer de chinois assez jeunes, portant un uniforme (une veste jaune). L'ensemble me fait penser à des lycéens, du fait de leur jeunesse et de leur inclination à piailler beaucoup. Mais j'apprends par la suite qu'il s'agit des employés d'une entreprise voisine, qui développe semble-t-il des jeux vidéos ! Etrange... Ils sont plusieurs centaines, si mes estimations sont exactes. Il est nécessaire d'avoir tant de monde pour développer un jeu ? Le plus cocasse m'est cependant révélé par ma chef : cette entreprise était auparavant dans le même bâtiment qu'Air Liquide. Cette dernière étant en forte croissance, elle a eu besoin de plus d'espace. Face au refus de cette entreprise de leur céder certains de leurs bureaux inoccupés, Air Liquide a déménagé. Pour se faire immédiatement suivre au même endroit par leurs anciens voisins... Y'a pas à dire : l'amour chez les entreprises, c'est quelque chose ! Le repas ne m'emballe pas trop (sans doute parce que je n'aime pas le tofu, ça doit jouer un rôle). Je pense que je vais me refaire un KFC ou un MacDo, un de ces jours (à 20 yuans, ce n'est pas se ruiner...).

J'ai écrit dans le billet d'hier qu'il y avait relativement peu d'accidents, si l'on pense à la densité du trafic et au peu de respect des règles de circulation de la part de certains conducteurs. C'est certes en partie vrai, mais j'ai parlé un peu vite. J'ai vu quatre accidents en deux heures de route, aujourd'hui, dont un mortel (c'est l'attroupement autour du corps, dont seuls les pieds dépassaient de sous une bâche, et le cordon de policiers, qui m'ont mis la puce à l'oreille). Le plus instructif a sans doute été l'accrochage entre un bus et un taxi. Il y avait peu de dégâts, mais les passants ont dû séparer les protagonistes qui se tapaient furieusement dessus. Je pense que beaucoup de conducteurs roulent sans assurance. Du coup, en cas d'accident, ils sont largement perdants. Cela est d'autant plus vrai pour les chauffeurs de bus ou de taxi, dont le véhicule est le moyen de travail et donc de subsistance. Je tire cette analyse des commentaires que m'avait fait mon correspondant chinois, il y a cinq ans. Les choses ont semble-t-il peu évolué. En fait, s'il y a peu d'accident, c'est surtout parce que les Chinois roulent assez lentement (de toute façon, ce n'est pas possible d'aller plus vite dans cette cohue) et sans doute de manière plus souple que les Français. Ils ne pilent pas très souvent, mais se déportent pour éviter les obstacles (ce qui, de proche en proche désorganise toutes les files !), les deux roues finissant par voir leur voie faire les frais de cette stratégie. Heureusement, il y a beaucoup de policiers, ce qui limite un peu les abus des uns et des autres au niveau des grands carrefours.

Finalement, le soir, j'ai essayé un autre restaurant, qui m'a moyennement convaincu. Je n'ai pas trop aimé le plat (五香牛肉 wu3xiang1 niu2rou4 - bœuf aux cinq épices), et j'ai trouvé ça un peu cher (enfin, ça reste tout à fait honnête, mais comme ça ne m'a pas plu...).