Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Le présent billet est consacré à un personnage emblématique de la vie politique chinoise durant la période allant des années 20 aux années 70. Il s'agit de Zhou Enlai (en chinois 周恩来), considéré par beaucoup de Chinois comme l'un des plus importants personnages depuis la Révolution de 1949 et son accession au poste de Premier Ministre.

Pourquoi lui consacrer un article aujourd'hui ? Il se trouve que j'ai évoqué la popularité dont jouit le Premier Ministre actuel, Wen Jiabao, suite à sa disponibilité dans la gestion de la tragédie du tremblement de terre de Wenchuan. Beaucoup de gens, favorablement impressionnés vont jusqu'à le comparer avec Zhou Enlai, ce qui est dans l'esprit des Chinois un compliment au-delà de toute imagination, tant le prestige de ce dernier est important.

Zhou Enlai (1898-1976), l'un des fondateurs du Parti Communiste Chinois et artisan du front uni de lutte contre les Japonais durant la Seconde Guerre Mondiale, a occupé la fonction de Premier Ministre de la République Populaire de Chine de 1949 à sa mort en 1976. Considéré comme un bourreau du travail, un homme politique totalement désintéressé de tout enrichissement personnel et comme l'égérie de la fidélité (il n'a pas quitté sa femme malgré leur impossibilité d'avoir un enfant), il apparaît comme un pendant modéré de Mao Zedong et plus largement aux yeux des Chinois comme l'homme politique idéal.

Bien que fort important sur la scène nationale (et ce en dépit d'un caractère d'une grande discrétion), il est également en général bien connu des occidentaux, de par sa fonction de ministre des affaires étrangères de 1949 à 1958. Fin diplomate, polyglotte, formé en partie à Paris (où il partageait la chambre de Deng Xiaoping – artisan de l'ouverture de la Chine au monde en 1978, et fréquentait Hô Chi Minh), on lui doit notamment un rôle important dans la Conférence de Genève ayant mis fin à la Guerre d'Indochine entre la France et le Viêt Minh en 1954, ainsi que la représentation de la Chine à la conférence de Bandung (en 1955).

Sur le plan de la scène chinoise, il tenta de limiter les dégâts du Grand Bond en Avant (catastrophe agricole initiée par Mao en 1958 et qui résulta en une famine faisant des millions de morts) et s'attacha à réparer certains des effets de la Révolution Culturelle à partir de 1975 (épisode qui fut cependant un grand revers pour lui-même). Les Chinois lui en sont en général immensément reconnaissants (notamment ceux ayant vécu et souffert lors cette terrible période et qui haïssent Mao pour cette raison). On lui doit par exemple la préservation de certains symboles de la civilisation chinoise, telle la Cité Interdite, menacés de destruction par les Gardes Rouges.

Figure populaire d'abnégation et d'efficacité, Zhou Enlai est mort d'un cancer en 1976, mort sans doute facilitée par le surmenage. Son action a été unanimement saluée par le monde entier.