Introduction

Vraisemblablement écrit (ou compilé) par 吴承恩 Wu2 Cheng2'en1 (1500-1582) sous la dynastie 明 Ming2, La Pérégrination vers l'Ouest narre l'incroyable voyage du moine chinois 三藏 San1 Zang4 (Tripitaka en français) et de ses disciples vers le Paradis de l'Ouest – c'est à dire l'Inde – en quête des écritures bouddhistes au VIIe siècle sous la dynastie 唐 Tang2.

En dépit de cette ligne directrice que constitue ce périple et ses multiples dangers, le récit est centré sur 孙悟空 Sun1 Wu4kong1, le Roi des Singes, contraint bien malgré lui d'escorter le moine jusqu'à sa destination finale. Les frasques du personnage, son caractère attachant et l'évolution de sa personnalité au fur et à mesure de la progression vers l'Ouest en font le véritable héros de l'histoire.

Cette œuvre magistrale, mêlant récit et poésie, philosophie et fantastique, est considérée comme l'un des quatre grands romans classiques chinois. Elle en constitue sans doute le plus accessible : les multiples rebondissements du récit, l'omniprésence de l'humour et ses personnages hauts en couleur en font l'histoire idéale pour enchanter les enfants, la qualité de son écriture un support scolaire intéressant pour l'étude littéraire, et la morale et la philosophie sous-jacente ont de quoi contenter les adultes. Elle est ainsi connue de tous en Chine – petits et grands – via de nombreuses adaptations destinées à des publics très variés (versions abrégées, films, séries, bandes dessinées, etc.), il est vrai de qualités parfois très inégales.

Synopsis

Le roman est organisé en trois parties.
  • La première concerne la naissance et les errements du Roi des Singes, jusqu'à sa révolte contre le Ciel qui le verra condamné à 500 ans d'emprisonnement sous une montagne.
  • La seconde est consacrée au souverain des Tangs, commanditaire "officiel" du voyage vers l'Ouest, via l'épreuve qui lui vaut, selon le roman, de devenir un souverain exemplaire, éclairé au bouddhisme, ainsi qu'à l'élaboration de la quête et son lancement par l'entremise de la bodhisattva Guanyin.
  • La troisième partie, de loin la plus longue, relate le voyage lui-même, depuis les premiers obstacles à la frontière chinoise jusqu'à l'arrivée en Inde, la rencontre avec le Bouddha et le retour avec les écritures.

Analyse succincte

Une base historique

En dépit de l'omniprésence du fantastique, des situations mêlant panthéons bouddhiste, taoïste et autres traditions chinoises, La Pérégrination vers l'Ouest se base initialement sur un personnage historique, le moine Chinois 玄奘 Xuan2 Zang4 (~602-664), l'une des principales figures de la traduction des textes bouddhistes en langue chinoise, qui effectua un important voyage en Inde pour approfondir son étude de la religion et en ramener de nombreux textes encore inconnus de ses compatriotes de l'époque.

Ce personnage historique est souvent connu en Chine sous le nom de 三藏 San1 Zang4, qui signifie "trois corbeilles", nom également principalement utilisé dans le roman. Les corbeilles en question correspondent à l'ensemble du canon bouddhiste, et désignent par extension ceux qui comme Xuan Zang en son temps le maîtrisaient le mieux.

Xuan Zang a lui-même publié un récit de son voyage, qui a servi de base à l'élaboration du roman. Là s'arrête toutefois l'inspiration, tant l’œuvre de Wu Cheng'en s'éloigne des faits historiques pour transformer le périple du moine en une quête fantastique, à travers des contrées étonnantes, avec le concours de dieux et nombres d'obstacles démoniaques.

Structure

Le roman se présente sous la forme d'une succession de "chapitres", correspondant chacun à l'une des épreuves endurées par le moine et ses disciples. Le texte alterne avec des passage poétiques en rimes, principalement dédiés aux descriptions, que ce soit celles de l'environnement, des monstres ou des combats. Ce procédé, fort habile en ce qui concerne les combats, évite une description trop détaillée au profit de l'aspect épique, ce qui permet au lecteur de s'imaginer par lui-même les détails.

On note toutefois une certaine répétitivité en ce qui concerne nombre de chapitres : la petite troupe arrive en vue d'une montagne sombre et angoissante. Tripitaka a peur, mais Sun Wukong l'assure qu'il n'y a rien à craindre (même si les quinze coups précédents ont prouvé le contraire). Ils s'engagent donc dans les défilés rocheux qui – surprise – constituent le repaire d'un monstre qui apprenant le passage du moine souhaite s'en repaître pour connaître dix mille ans de vie. Par un stratagème ingénieux, le monstre s'empare de Tripitaka, qui désespère et pleure sur son sort, tandis que Sun Wukong cherche un moyen de le délivrer et que Zhu Bajie (s'il n'a pas été enlevé lui aussi) parle d'abandonner et de rentrer sans le maître. Le Roi des Singes combat le démon, mais ne parvient à l'emporter car celui-ci s'enferme dans sa grotte. Il réussit finalement, après plusieurs tentatives, à libérer Tripitaka soit par ruse, soit par la sollicitation de la divinité appropriée (souvent Guanyin).

Cependant, il serait réducteur de réduire cette œuvre à une répétition de ce pattern : si le schéma global est gardé, les situations, les problèmes et leurs solutions varient. Sans compter que nombre de civilisations sont également croisées en chemin, et que les situations naissent bien souvent de conséquences du mauvais caractère des hommes. Cette continuité apparente permet de mieux appréhender la mutation qui s'opère en Sun Wukong (au début contraint d'effectuer cette quête, avant de progressivement s'attacher à son maître) et les relations maître-disciple.

En tout, ce sont pas moins de 81 pièges et difficultés qui se dressent sur leur chemin, car comme le dit Guanyin, principale organisatrice de ce défi : Dans l'École du Bouddha, 'neuf fois neuf' est un chiffre qui mène à la vérité.

Pour le reste, le roman est "monté" suivant les mêmes recettes qu'une une série américaine, avec des coupures de chapitre au moment où on s'y attend le moins, ce qui pousse fortement à tourner les pages pour continuer la lecture !

Jacques Gernet parle à son sujet d'un roman "Rabelaisien", et je trouve que ce qualificatif lui correspond assez, avec son foisonnement d'inspirations, ses énumérations envolées, et ses personnages hauts en couleur aux tares somme toute très humaines (jusqu'à la gourmandise incontrôlable de Zhou Bajie, qui ramène indubitablement aux appétits "pantagruéliques" des géants de Rabelais).

Un parcourt initiatique

Si j'ai insisté sur l'évolution de Sun Wukong, c'est que plus que la mission de Tripitaka, le roman raconte avant tout une initiation, celle du Roi des Singes, contraint de réparer ses erreurs passées et de se racheter une conduite. Le lecteur ne peut guère se tromper : 美猴王 Mei3 Hou2wang2 (le Beau Singe Roi) en est le véritable héros, tant par son omniprésence (sans lui, il n'y aurait pas eu de voyage vers l'ouest, car le moine se serait fait manger par les démons bien plus tôt), que par le fait que le caractère couard, apathique et pleurnichard du moine, d'une constance remarquable malgré l'expérience accumulée, ne force guère l'attachement.

Une omniprésence de l'humour

Ce qui est caractéristique de ce roman, c'est l'humour omniprésent. Au travers des chapitres, ce ne sont que situations ubuesques, incongrues et amusantes. Sun Wukong, avec ses facéties simiesques en est tout naturellement le principal vecteur, via son irrespect des hommes et des dieux, son manque de manières en général et son ego démesuré. Zhu Bajie, avec lequel il entretien des rapports de jalousie et de chamailleries qui laissent transpirer un certain attachement, est également vecteur de situations incongrues, avec son côté pleutre et son manque d'estime personnelle qui l'amènent à des choix stratégiques souvent bien discutables, son appétit pantagruélique préludes à exagération et choix complètement irrationnels dès lors qu'il s'agit de manger, ou sa paresse qui le voit fréquemment faire la sieste dans les buissons au lieu de veiller à la sécurité de ses compagnons.

Les dieux et les démons eux-mêmes sont haut en couleur, plus humains dans leurs comportements que leur statut ne pouvait le laisser présager, parfois même très attachants.

Le décalage de l'échelle de temps entre le royaume du ciel et la terre est également source de malentendus ou de situations loufoques, un jour au ciel représentant une année sur la terre.

La critique d'une époque ?

Ce point fait débat parmi les spécialistes.

Toutefois, lorsque le roman parait, à la fin du 16e siècle, la dynastie 明 Ming2 (1368-1644) n'est plus que l'ombre de sa grandeur passée. Son dernier siècle d'existence est une période particulièrement sombre : effets du petit âge glaciaire (qui entraîne des famines), affaiblissement de l'administration et corruption généralisée (qui mèneront à la ruine de l'état, faute de rentrées fiscales suffisantes), affaiblissement enfin du pouvoir de l'Empereur et des lettrés qui pouvaient encore redresser la barre au profit des intrigues et de l'administration parallèle des eunuques et des concubines impériales. Ces maux préfigurent le renversement du pouvoir à venir, cinquante ans plus tard, par la guerre civile et l'invasion des Mandchous.

À cet égard, l'Empereur de Jade, qui ne gouverne et ne saisit le monde que par l'entremise de ses conseillers, semble bien proche des derniers souverains Ming, complètement coupés des réalités du pays. L'octroi abusif et irréfléchi de titres et récompenses (illustré par le débat des conseillers au sujet du titre à conférer à Sun Wukong), une élite oisive qui ne se complaît que dans les fêtes (occupation favorite des dieux dans le roman), une structure mandarinale et bureaucratique (il faut dix signatures et formulaires pour obtenir de la pluie), des blâmes pour des raisons en apparence anodines (Sha Heshang a été condamné à une vie d'errance pour avoir brisé un vase)... Tout cela peut passer pour une critique à peine voilée de l'administration impériale de l'époque, d'autant que la métamorphose d'un souverain en monarque éclairé (l'Empereur des Grands Tangs), décrite par toute une série de chapitres, fait référence à la dynastie Tang et donc un passé apparaissant rétrospectivement comme un âge d'or.

L'auteur présumé, Wu Cheng'en, qui a essuyé de nombreuses déconvenues aux concours mandarinaux, ne gravissant tant bien que mal le premier échelon local qu'au prix de nombreuses tentatives, est un parfait représentant de ces auteurs, souvent de petits lettrés vivant d'expédients, à l'origine d'un nouveau type de littérature "urbaine", rédigée dans un style plus proche des langues orales que de la langue écrite normalement en usage (certaines parties de Xiyouji sont originellement écrite en dialecte de la région de l'auteur), aux personnages et descriptions fouillées, et dont l'essor a été favorisé par la "démocratisation" de l'imprimerie, favorisant la diffusion des œuvres pour un coût relativement modeste auprès des élites urbaines, peu cultivées mais avides de divertissement. La Pérégrination vers l'Ouest appartient à cette littérature foisonnante et critique, encore modérée dans ses propos, mais préfigurant celle, bien plus virulente du début du 17e siècle, lorsque la consommation du divorce entre l'état géré par les eunuques et certains des plus brillants lettrés de l'administration laissera place à une liberté de parole sans doute inégalée dans l'histoire de Chine.

Signe de son indubitable impact sur la société, ce type de littérature se retrouvera frappé d'interdit sous la dynastie suivante des Qing, dont les premiers empereurs s'efforceront d'instaurer un nouvel ordre moral plus propice à leur empire autoritaire. Sous leur règne, la simple possession de tels livres "interdits" était passible de la peine capitale. Pour autant, ironiquement, l'histoire a surtout conservé de ces derniers souverains l'image de gouvernants "éclairés", de par les importants efforts éditoriaux (dictionnaires, compilation des classiques, etc.) et les énormes commandes de l’État ayant été menés sous leurs règnes, stratégie politique principalement destinée à se concilier la classe des lettrés Chinois (sans laquelle leur empires ne pouvaient être gouvernés) tout en l'enfermant dans cette nouvelle "orthodoxie morale".

Enfin, il ne faut pas oublier que Xiyouji est avant tout une étonnante synthèse de mythologie chinoise, de croyances taoïstes et de bouddhisme, et que tous en prennent un peu pour leur grade. Cigale d'Or, le disciple de Bouddha dont Tripitaka est la réincarnation, se voit condamner à un cycle de dix réincarnations pour s'être endormi pendant l'un des sermons du Bienheureux...

Si le roman reste dans son ensemble plutôt modéré, c'est que l'humour est un puissant moyen d’atténuer des critiques autrement potentiellement offensante, et que le dénouement "moral" finit par rassurer le lectorat, un temps embarqué dans les piques contre l'ordre établi dont l’exubérant Sun Wukong se fera bien souvent le porte-parole.

Les principaux personnages

Les photos ci-dessous sont celles de "marionnettes" destinées au théâtre d'ombre.

孙悟空 Sun1 Wu4kong1

Sun Wukong

Véritable héros de l'histoire, Sun Wukong est connus sous des noms aussi variés que :

  • 石猴 Shi2hou2 le Singe de Pierre, lors de sa naissance miraculeuse, enfanté par la pierre,
  • 美猴王 Mei3 Hou2wang2 le Beau Singe-Roi, lorsqu'il devient roi des singes,
  • 齐天大圣 Qi2tian1 da4sheng4, parfois abrégé 大圣, Grand Saint Égal au Ciel, titre auto-proclamé lors de sa phase de folie des grandeurs,
  • 弼马温 Bi4ma3wen1 Doux assistant des chevaux (ou épizoologue dans ma version), de par sa charge lors de son bref passage à la cour de l'Empereur de Jade,
  • ou encore 孙行者 Sun1 Xing2zhe3 le Singe moine itinérant (ou Singet le novice dans ma traduction).
  • ... (liste non-exhaustive !)

Magicien, immortel, insensible à toute forme blessure physique, Sun Wukong se pliera cependant docilement aux ordres de son maître le long de la route, endurant parfois des brimades peu justifiées. Initialement contraint par un diadème magique resserré à la moindre incartade, il finira par se lier à Tripitaka au point de ne plus souhaiter le quitter, même lorsqu'il croit à sa mort, dénouant les intrigues et sauvant régulièrement son maître des démons qui souhaitent le dévorer.

Le statut mi-humain mi-animal de Sun Wukong permet de grandes fantaisies et des situations comiques, en jouant sur le caractère espiègle du singe et sa vivacité d'esprit. Souvent disposé à jouer des tours à son condisciple Zhu Bajie, dont il moque – à juste titre – la gloutonnerie et la paresse, il saura se montrer ferme dans les moments difficiles.

三藏 San1 Zang4

Tang Seng

San Zang est le maître de la petite troupe, moine bouddhiste irréprochable et parfait en tout... du point de vue de la doctrine, s'entend ! En effet, lâche, poltron, volontiers injuste avec Sun Wukong, influençable et prompt au découragement, il ne serait jamais parvenu au Paradis de l'Ouest sans le concours de ses disciples, et du Roi des Singes en particulier.

Ce personnage possède de nombreux noms. 玄奘 Xuan2 Zang4 est son nom bouddhiste (celui du personnage historique dont il est inspiré), de son vrai nom 陈祎 Chen2yi1. Connu sous le nom de 三藏 San1 Zang4, le plus utilisé dans le roman, il est souvent appelé 唐僧 Tang2seng1 le moine des Tangs par les Chinois. On trouve également au cours de l'histoire de nombreuses combinaisons de tous ces noms, telles 唐三藏 ou encore 陈玄奘.

Lointaine réincarnation de Cigale d'Or, un disciple du Bouddha banni pour s'être endormi lors d'un sermon, il doit par ce pèlerinage racheter la faute commise.

猪八戒 Zhu1 Ba1jie4

Zhu Bajie

Pleutre, goinfre et paresseux, Zhu Bajie est l'élément comique de l'équipe. Souvent en conflit avec Sun Wukong, pour lequel il éprouve une jalousie certaine, il est de par ses défauts à plusieurs reprises la cause de la capture de son maître, heureusement chaque fois sauvé à point nommé par le Roi des Singes.

Réincarnation de l'Amiral des Roseaux Céleste, commandant la "marine" du Ciel, banni pour avoir tenté d'abuser de Chang'e, la déesse de la Lune, un jour qu'il avait trop bu, il a vu son âme se tromper de cible et se loger dans le rejeton d'une truie, ce qui lui vaut d'être un hybride mi-humain mi-porc, à l'appétit aussi développé que son aspect est repoussant.

Son nom bouddhiste, donné par Guanyin est 猪悟能 Zhu1 Wu4neng2, "Porc conscient de ses capacités". Il est cependant plus connu avec le prénom 八戒 Ba1jie4, "huit défenses", donné par son maître, et qui correspond aux aliments qui lui sont désormais défendus en tant que moine ("les cinq produits forts et les trois viandes repoussantes").

沙和尚 Sha1 He2shang

Sha Heshang

Dernier disciple à rejoindre le moine chinois, 沙和尚 "le bonze des sables" est certainement le plus discret du lot, au point d'en paraître un peu ennuyeux. Franc camarade de Zhu Bajie, peu dégourdi mais toujours prêt à aider, il passe en général la plupart des difficultés à veiller sur le cheval, et combat rarement.

Ancien "Général des Rideaux-Roulés", il s'est vu dégrader et bannir du ciel pour avoir brisé un vase lors d'une cérémonie. Tiré du marécage dans lequel il vivait en dévorant les voyageurs, Sha Heshang est converti par Guanyin qui le charge d'accompagner Tripitaka et d'ainsi se racheter une conduite.

Bien qu'il soit plus connu sous le nom de Sha Heshang, son nom bouddhiste est 沙悟净 Sha1 Wu4jing, "Sable conscient de la pureté", ce qui en fait véritablement le troisième "conscient de (...)" à rejoindre la quête des écritures.

观音 Guan1yin1

Guanyin

Bodhisattva de la miséricorde et de la compassion, Guanyin est l'équivalent chinois de Avalokiteśvara en Inde (un homme !). Très importante aux yeux des Chinois, elle est élevée par beaucoup au rang de déesse, notamment associée à la fertilité. Sa compassion vient de ce qu'elle s'est arrêtée sur le chemin de l'éveil avant de devenir bouddha, afin de tendre l'oreille aux malheurs des hommes.

Dans le roman, elle intervient à plusieurs points de l'histoire, telle la capture de Sun Wukong, et est chargée par le Bouddha de choisir et guider celui qui ramènera d'Inde les soutras. Son rôle est cependant un peu plus trouble, car si elle protège effectivement le moine chinois, intervenant de temps à autre pour lui sauver la mise, elle est en réalité l'une des organisatrices des obstacles qu'il rencontre en chemin, difficultés destinées à le mettre à l'épreuve.

Adaptations

Il existe un nombre incalculable d'adaptations du Voyage vers l'Ouest, des livres d'images pour les jeunes enfants aux films à gros budget, en passant par les éditions abrégées ou les séries télévisées. En voici quelques exemples.

Série télévisée

Parmi les séries télévisées inspirées de l'odyssée du moine chinois (il doit bien en sortir une chaque année !), il en est une qui reste gravée dans le cœur des Chinois comme l'une des plus réussies. Cette performance ne tient pas réellement aux effets spéciaux (qui ont assez mal vieilli), ni au scénario ou aux décors (bien que soignés), mais au jeu des acteurs, au premier rang desquels 六小龄童 Liu4 Xiao3ling2tong2, dont l'interprétation de Sun Wukong est considérée comme inégalée à ce jour, apparaissant comme la synthèse la plus parfaite qui puisse être entre le singe et l'homme. Il en résulte qu'en toute saison, année après année, il se trouve toujours une chaîne de télévision pour rediffuser des épisodes, et ce quelle que soit l'heure à laquelle on allume son poste.

Pour les enfants

Chez les enfants, de nombreuses adaptations ou comptines, telle celle-ci (apprise à L par ses grand-parents) :

唐僧骑马咚啦个咚,
后面跟着个孙悟空。
孙悟空,跑得快,
后面跟着个猪八戒。
猪八戒,鼻子长,
后面跟着个沙和尚。
沙和尚,挑着箩,
后面跟着个老妖婆。
老妖婆,心狠毒,
骗过唐僧和八戒。
唐僧八戒真糊涂,
是人是妖分不出。
分不出,上了当,
多亏孙悟空眼睛亮。
眼睛亮,冒金光,
高高举起了金箍棒。
金箍棒,有力量,
妖魔鬼怪消灭光!
Tang2seng1 qi2 ma3 dong1la1ge4dong1,
Hou4mian gen1zhe ge4 Sun1 Wu4kong1.
Sun1 Wu4kong1, pao3 de kuai4,
Hou4mian gen1zhe ge4 Zhu1 Ba1jie4.
Zhu1 Ba1jie4. bi2zi chang2,
Hou4mian gen1zhe ge4 Sha1 He2shang.
Sha1 He2shang, tiao1zhe luo2,
Hou4mian gen1zhe ge4 lao3 yao1po2.
Lao3 yao1po2, xin1 hen3du2,
Pian4guo4 Tang2seng1 he2 Ba1jie4.
Tang2seng1 Ba1jie4 zhen1 hu2tu,
Shi4 ren2 shi4 yao1 fen1 bu4 chu1.
Fen1 bu4 chu1, shang4 liao3dang4
Duo1kui1 Sun1 Wu4kong1 yan3jing liang4.
Yan3jing liang4, mao4 jin1 guang1,
Gao1gao1 ju3qi3le jin1 gu1bang4.
Jin1 gu1bang4, you3 li4liang,
Yao1 mo2 gui3 guai4 xiao1mie4 guang1!
Tangseng chauvauche, tagada
Derrière suit Sun Wukong.
Sun Wukong court vite,
Derrière suit Zhu Bajie.
Zhu Bajie a un long nez.
Derrière suit Sha Heshang.
Sha Heshang porte les bagages,
Derrière suit une vieille démone.
La vieille démone, au cœur vicieux,
A trompé Tangseng et Bajie.
Tangseng et Bajie sont confus,
Est-ce une femme, un monstre, ils ne voient pas.
Ils ne voient pas, bien franchement,
Heureusement que Sun Wukong a l’œil.
L’œil affuté, avec une lueur d'or,
Il lève bien haut sa trique cerclée d'or.
La trique cerclée d'or, pleine de force,
Réduit à néant monstres et démons !

Opéra de Pékin

La Pérégrination vers l'Ouest est l'un des titres adaptés à l'Opéra de Pékin, dans lequel apparaît Sun Wukong et ses comparses. Il s'agit généralement d'extraits, notamment ceux faisant intervenir dieux et combats, plutôt spectaculaires.

Sun Wukon Opéra de Pékin
Ces petites figurines montrent Sun Wukong et ses comparses en costumes de l'Opéra de Pékin

Dragon Ball

Dragon Ball est une série japonaise de mangas, publiés de 1984 à 1995 par Akira Toriyama. On y retrouve Sun Wukong, repris par l'auteur sous le nom de Son Goku, sous la forme d'un petit enfant doté d'une queue de singe et affublé d'un bâton magique appelé Nyoï Bo, pouvant s'agrandir à volonté.

Le singe dans l'imaginaire populaire

Et naturellement, en cette année du singe, il était normal que Sun Wukong, le plus célèbre d'entre eux soit au premier plan.

Sun Wukon en peluche
Les puristes auront sans doute remarqués que la jupette de Sun Wukong, sensée être en peau de tigre, est visiblement passée à la mode léopard...

Se procurer 西游记

Dresser une liste des éditions chinoises existantes serait aussi fastidieux qu'inutile : il n'existe pas de librairie respectable en Chine où il ne soit possible de s'en procurer une. Il est en revanche plus intéressant de considérer les possibilités qui s'offrent au lecteur francophone, ou bien dont le niveau en langue chinoise rend illusoire la lecture de l’œuvre dans sa langue d'origine.

En ce qui me concerne, j'ai abordé l’œuvre via le biais d'une édition français-chinois, avec les deux langues en vis-à-vis. Le texte français est celui traduit par André Lévy et publié dans la collection La Pléiade.

On peut également le trouver au format poche

Sun Wukon en peluche
Mon édition franco-chinoise de Xiyouji (en 6 volumes)

En ce qui concerne la version chinoise, la plupart des éditions proposent une version "moderne" de l’œuvre, qui bien que complexe reste beaucoup plus abordable que la version d'origine écrite en chinois du 16e siècle.

Voyage vers l'Ouest... ou vers l'Est ?

Le lecteur attentif n'aura sans doute eu de cesse de ressasser cette question existentielle : le titre de ce site, "Un Voyage vers l'Est" aurait-il un rapport avec Sun Wukong et sa quête ? La réponse est tout naturellement oui. À l'instar du voyage semé d'embûches accompli par Tangseng pour atteindre les écritures, j'ai moi aussi pris mon bâton de pèlerin sur la route menant, cette fois vers l'Est, vers un peu plus de compréhension des langues et des cultures d'Extrême Orient !

Sources

  • 西游记 La Pérégrination vers l'Ouest, Wu Cheng'en (traduction française par André Lévy), Bibliothèque des Classiques Chinois, Éditions de la Littérature du Peuple.
  • Le Monde chinois, 2. L'Époque moderne (Xe siècle - XIXe siècle), Jacques Gernet, Pocket, 1972.
  • Sun Wukong, Wikipédia, consulté le 17/08/2016
  • Guanyin, Wikipédia, consulté le 17/08/2016