Chandeleur et repos

02/02

Ce matin, nous emmenons L jouer avec sa cousine Y. Il ne nous faut pas arriver trop tôt, car la petite ne se lève qu'à 10h ! L apprécie beaucoup cette maison pleine de nouveaux jouets. Malheureusement pour lui, qui dit arrivée tardive dit qu'il nous faut assez rapidement rentrer manger, mais nous lui promettons qu'il pourra revenir.

L'après-midi, Skype pour le petit avec 奶奶 Nai3nai, sa grand-mère paternelle. Ayant établi le mandarin comme langue de communication à la maison, le petit bonhomme n'a aucune difficulté à se débrouiller une fois en Chine, et son niveau de français, acquis à l'extérieur de la maison et via moult histoires que je lui lis quotidiennement, n'a rien à lui envier non plus. La conséquence amusante de cette situation, c'est que mes parents sont ainsi couramment désignés par leur appellation chinoise, ce qui était assez particulier pour eux au début, même s'ils s'y sont faits depuis (mon père est ainsi 爷爷 ye2ye, ce qu'il trouve plutôt amusant).

Pendant que L fait la sieste, Q et moi allons à Auchan faire des courses. Même dans une ville comme Danyang, on peut trouver nombre de denrées françaises, dont du lait, des biscuits ou encore de l'eau minérale ! Dans les villes telles que Shanghai ou Pékin, on trouve même du fromage.

Le lait, justement, est une denrée rare chez les parents de Q. Ce n'est pas un produit traditionnellement consommé par les Hans, et ceux-ci n'ont pas ou peu de traditions laitières ou fromagères. Ce n'est pas le cas de tous les peuples alentours, cependant, et des ethnies telles les Mongols ou les Tibétains, traditionnellement éleveurs, en ont consommé de tous temps. La génération de mes beaux-parents consomme ainsi très peu de produits laitiers. Ce qui n'est pas le cas des générations suivantes, qui en raffolent, sous l'effet des lobbies laitiers et de leur publicité omniprésente, ainsi que de la généralisation du lait artificiel pour nourrir les nouveaux-nés.

En plus de leur promettre des maladies comme l'arthrose, relativement rares auparavant, ce nouvel emballement pour le lait a été l'occasion de graves escroqueries ces dernières années, pour certaines avec des conséquences sanitaires très sérieuses, telle l'affaire du lait pour bébé coupé à la mélanine, qui avait occasionné un nombre important de décès. Une situation qui fait le bénéfice de nombres d'intermédiaires plus ou moins légaux – et de la Poste – car nombre de Chinois se fournissent à l'import, notamment pour le lait maternisé.

Si je cherche du lait, c'est que ce soir c'est la chandeleur, et que j'ai bien l'intention de faire des crêpes ! Moi aussi j'ai mes petites traditions ! Il faudra d'ailleurs un peu improviser. Pas de balance, pas de verre doseur, pas de spatule digne de ce nom... mais nous trouverons une casserole qui de loin, dans le noir et sans lunettes présente une certaine ressemblance avec une poêle à frire, et c'est parti !

Le résultat, honorable, fera le bonheur de L. La mère de Q hésitera quelque peu face à cette nourriture exotique. Il faut dire que si les galettes de toutes sortes sont courantes en Chine (honnêtement, il n'y a que les Bretons pour penser qu'il sont les seuls à faire des crêpes ;) !), celles-ci sont – en accord avec mon propos précédent – généralement sans lait...

03/02

Journée tranquille... Un peu trop, même... Je n'ai plus l'habitude de m'ennuyer, et je tourne en rond comme un ours en cage, sans trop savoir quoi faire !

L'après-midi, Q se rend avec sa maman aux bains publics. C'est une institution à Danyang, avec un savoir-faire réputé que les gens du cru exportent en ouvrant des établissements semblables dans d'autres villes de Chine.

04/02

Aujourd'hui, nous sommes invités au restaurant par un couple de la famille du côté du cousin de Q, qui se trouvent également être des collègues de mes beaux-parents... Ceux-ci ont un fils qui étudie actuellement aux États-Unis, ce dont il ne sont pas peu fiers. À en juger par la façon dont ils s'extasient devant L, ils espèrent sans doute également que leur rejeton se trouve bien vite une âme sœur disposée à leur donner un petit-fils ou une petite-fille ! Le repas est très bon, même si nous commençons à trouver qu'il nous faut réduire la voilure sur ces nourritures souvent trop grasses ou salées, et à la provenance incertaine (qui sait ce qui se passe en cuisine et où ils se fournissent).

Après la journée d'hier, je commence à avoir la bougeotte, et Q et moi avons décidé de passer à la gare acheter des billets de train pour nous rendre à Nankin demain. Il faut dire que rester à ne rien faire ne me convient guère, surtout lorsqu'il fait froid en permanence ! La bonne surprise, c'est que même en ces temps de grande migration du Nouvel An, il reste des places : les courts déplacements, tels que celui-ci, servent de "bouche trous" sur cette ligne Pékin-Shanghai ; bien sûr, c'est aussi parce que la basse vallée du Yangzi est très bien desservie.

Nous repassons à la maison récupérer L pour l'emmener retrouver sa cousine Y et ses parents dans un centre commercial, où se trouvent quelques jeux pour les enfants. Si certains sont relativement classiques, comme de petites autos tamponneuses (qui ne passionneront guère L) ou des coloriages, il y a aussi une sorte de sable vert en plastique, un peu semblable à de la pâte à modeler, ni gras ni collant, et fort utile pour faire des pâtés de toutes sortes (j'ai vu depuis qu'on trouve également ce genre de substance dans les crèches en France). Plus surprenant, il est également possible de nourrir d'énormes poissons rouges ! La nourriture est mise dans un petit biberon au bout d'une perche, et les bestioles se ruent littéralement dessus pour le téter !

Nous mangeons ensuite dans un restaurant à mon sens un peu moyen, mais surtout si bruyant que je n'ai qu'une envie : le quitter pour retrouver un peu de calme. Heureusement, demain c'est tourisme !