Ce matin, j'emmène Q visiter le 豫园 Yu4yuan2, un jardin en plein cœur de Shanghai, aménagé sous les Ming par un fonctionnaire du Sichuan. J'y suis déjà allé plusieurs fois, mais Q non. Un oubli à réparer !

En chemin, nous achetons de quoi petit-déjeuner ; c'est pratique en Chine de pouvoir ainsi se restaurer facilement à (presque) n'importe quelle heure de la journée.

Maison de thé
Le quartier du Yuyuan, avec sa fameuse maison de thé

Le quartier entourant le Yuyuan est tel que je l'ai laissé : beau, avec ses maisons (modernes) de style ancien, coloré, plein de touristes et de vendeurs à la sauvette. Dans les étals, on trouve naturellement des Apple Watches, et donc non, contrairement à ce qu'affirme la marque à la pomme, ce n'est pas une exclusivité de ses Apple Stores ! En plus, les prix sont pour une fois abordables ! On se demande bien pourquoi on achèterait ce genre de gadget inutile (en l'état) à plus de 300 € !

Le prix d'entrée du jardin lui-même n'a pas changé depuis que je suis arrivé à Shanghai en 2007 : 40 元 par personne, ce qui de cher à l'époque est devenu correct.

Yuyuan
Eau, verdure et rochers artificiels... Tous les ingrédients de ce type de jardin sont réunis ici.
Lion et porte
Fleurs

Curieusement, une majorité de touristes francophones s'y trouve aujourd'hui. En entendant le français de leurs guides, Q se dit qu'elle pourrait tout à fait s'aligner et faire mieux sans trop d'effort. Il parait même que c'est un travail plutôt bien payé.

Le jardin est bien sympa. S'il n'est pas très grand, les savantes circonvolutions de son aménagement donnent l'impression du contraire, et c'est agréable de déambuler entre les bassins et la végétation.

Mur dragon
Ce dragon court le long des murs de la propriété
Combat
Un combat – apparemment en passe d'être perdu – contre la végétation du toit !

La visite achevée, nous reprenons le métro. Au passage, Q négocie l'achat de T-Shirts assortis avec des dragons pour toute la famille (en espérant que le dessin résiste au lavage). Présentés à 60 元 l'un, Q obtient les trois pour 100 元... le prix que la vendeuse demande aussitôt pour un seul T-Shirt à un étranger de passage !

Le métro nous dépose près de 世纪公园 shi4ji4 gong1yuan2 (Century Park), où un ami de Q nous conduit vers un restaurant japonais. Accueil en kimono, repas assis en tailleur sur un tatamis, le décor est soigné. Choisissant d'emblée la formule à volonté (à 400 元 par personne, tout de même !), notre hôte commande pêle-mêle tout un assortiment de fruits de mer, dont certains que je goûte pour la première fois. C'est par exemple le cas de l'abalone (鲍鱼 bao4yu2), encore connue sous le nom d'oreille de mer. Après trois nouvelles commandes, ni Q ni moi ne pouvons plus rien avaler !

Fruits de mer
Une infime partie du repas !

Le restaurant est équipé de ces fameuses toilettes japonaises à siège chauffant et jets d'eau intégré. Dommage que celle des hommes ne fonctionne pas complètement ! Avoir ses toilettes qui "boguent" est du plus bel effet...

Histoire de nous remettre de nos émotions, nous continuons notre journée par la visite du Chocolate Theater de Zotter, un chocolatier autrichien qui a récemment ouvert une antenne à Shanghai. J'ai initialement piqué cette idée sur le blog d'une française expatriée à Shanghai, persuadé que cela plairait à Q, dont l'un des rêves récurrent est d'ouvrir un jour sa propre boutique de chocolat ! Nous sommes accueillis par la fille de M. Zotter, avec qui j'échange quelques phrases dans mon allemand rouillé, avant qu'elle n'embraye sur un français bien moins rouillé qu'elle ne le prétend. Nous suivrons le reste de la visite en chinois avec l'un de ses employés.

Après un petit film expliquant l'histoire de la famille Zotter et du chocolat, nous entamons une dégustation du chocolat à toutes les étapes de sa fabrication, depuis les fèves de cacao, le sucre et le lait en poudre jusqu'à des mélanges parfois improbables, tels que le chocolat au lard.

Bacon
Une présentation depuis les matières premières, dont les fèves de cacao et l'immanquable bacon...
Chocolat
... au chocolat proprement dit...
Chocolats
... aux multiples parfums !

Nous retrouvons alors Mlle Zotter, qui nous explique – en anglais cette fois – le pourquoi de leur installation à Shanghai et comment la variété des parfums proposés (plus de 300), l'aspect Fair Trade et le bio sont leurs moyens de différenciation sur un marché asiatique, qui contrairement à l'Europe n'est pas encore saturé. Si leur chocolat reste produit en Autriche, il est importé sous forme de grosses tablettes pour permettre l'élaboration sur mesure de plusieurs millions de combinaisons possibles (taille, forme, type de chocolat, etc.), un aspect de personnalisation qui parait-il marche bien en Chine.

Mlle Zotter a le sens de la répartie, et il est un peu déstabilisant d'échanger avec quelqu'un qui retourne chaque parole de manière humoristique ! Quant aux chocolats, je dois bien avouer que je n'ai pas pu tous les goûter ! Après le repas pantagruélique du midi, bien peu des centaines d'échantillons à disposition ne trouvent de place dans mon estomac.

Dégustation de chocolat
Pour qui aime le chocolat – et n'a pas pris de repas japonais à volonté deux heures plus tôt – il y a de quoi déguster !
Pralines
La section des pralines, avec ce qui fait penser à de petites bétonnières !

La visite achevée, nous flânons un peu dans les magasins d'usine alentour (Adidas, Gap, etc.) sans trouver notre bonheur (en même temps, le shopping et le bonheur, pour moi, ça fait deux !) et marchons jusqu'au métro pour digérer un peu. Nous traversons quelques quartiers, comme ceux récemment détruits à Danyang, aux maisons misérables mais aux rues pleines de vie.

Quartier animé
Étroites, bondées, crasseuses, bordées de maisons misérables et pleines de bonnes choses à manger... Voilà les ruelles chinoises "traditionnelles" !

De retour à Pudong, je retrouve mon meilleur ami d'université avec sa femme, tandis qu'une ancienne camarade de Q à Douai et son mari nous rejoignent... pour un nouveau restaurant ! Sachant que le chocolat pèse encore sur mon estomac, je discute bien plus que je ne picore. Étant tous de jeunes parents, nous parlons tout naturellement des enfants, et il est amusant de constater une fois de plus qu'à l'instar de pratiquement tous les Chinois de notre connaissance, ils ne souhaitent pas de deuxième, même s'ils y ont droit. Il faut dire que dans cette société chinoise ultra-compétitive, l'éducation des enfants revient vite à une petite fortune, dans la course effrénée aux cours particuliers et autres formules sensées les transformer en bêtes à concours...

Perle de l'Orient
La Perle de l'Orient
Shanghai Skyline
Ma traditionnelle "Shanghai Sky Line", cette fois lors d'une nuit brumeuse...

À l'issue du repas, retour sur le Bund pour une petite photo de nuit, puis retour à l'hôtel à pied.