Ça y est, c'est à nouveau le départ de notre grande migration annuelle ! Chocolat le chat a pris ses quartiers en colonie de vacances hier, et c'est une maison un peu vide que nous laissons derrière nous, trainant deux énormes valises de cadeaux en tous genre destinés à la famille et aux proches, l'impressionnante masse des affaires de L (plus c'est petit, moins ça voyage léger) et quelques bricoles et vêtements pour nous. Tout cela parait bien trop lourd, et je me promets – comme toujours – que la prochaine fois nous ferons plus "light".

Nous gagnons comme de coutume l'aéroport en tram, car je ne m'y sens pas d'y laisser la voiture trois semaines. À Commerce, au moment de changer pour la ligne 3 du tram, un jeune "africain" nous aborde et engage la conversation en mandarin ! Nous échangeons quelques phrases. Apparemment, il a grandi en Chine. Quelle coïncidence !

Parvenus à l'aéroport vient la pesée tant redoutée des bagages. Le verdict est désagréable : chaque bagage fait 24 kg, au-dessus des 23 kg autorisés. Nous nous faisons rabrouer par l'employée chargée de l'enregistrement qui nous reproche de ne pas avoir utilisé de balance. L'ennui, c'est que j'ai la confirmation à cet instant-même que celle que nous avons à la maison est plus que fausse (je me disais aussi que je ne pouvais pas avoir aussi facilement perdu 3 kg !). Je propose de transférer une partie des choses lourdes dans mon sac à dos, mais il y a la queue derrière nous, et l'employée décide d'accepter les bagages, tout en précisant qu'elle aurait dû nous facturer le supplément. Je suis à la fois soulagé et furieux, car je n'aime pas être ainsi pris en défaut.

Comme lors de notre dernier voyage, nous constatons que les personnels de l'aéroport de Nantes et ceux de Hop sont aux petits soins pour nous qui voyageons avec un enfant en bas âge. C'est agréable et apprécié.

Durant le vol vers Amsterdam, L se montre intéressé par tout ce qui se passe dans l'appareil et au dehors, ce qui fait qu'il est globalement très sage. Le snack proposé dans l'avion est simple, mais délicieux : quelques tranches de gouda au cumin placées entre deux tranches de pain. Pour une fois qu'on n'a pas des cacahouètes ou des cookies immangeables !

À Amsterdam, l'embarquement ne pose pas de difficulté particulière. Bien que nous ayons acheté un vol KLM, celui-ci est assuré par China Southern. L'avion est ancien, et ne dispose pas de système de divertissement avec écran individuel, un luxe auquel ces dernières années nous avaient bien habitués ! Plus inquiétant, on nous explique que l'avion n'a pas de ceinture pour les enfants ! Comme nous insistons pour pouvoir l'attacher (on n'est pas à l'abri d'un coup de frein lors du roulage ou d'une sortie de piste), on nous donne la ceinture utilisée pour les démonstrations de sécurité, qui se révèle bien adaptée. Les démonstrations de sécurité ne seront d'ailleurs pas faites, ou bien je n'en ai plus le souvenir... Outre l'aspect sécurisant, attacher L présente l'avantage de le maintenir en place durant les phases de décollage ou d'atterrissage, sans qu'il ne cherche à partir se promener !

Le vol est éprouvant : L n'arrive pas à dormir sur nos genoux, fait plusieurs crises de hurlements, renverse à moitié nos plateaux repas, mais finit par se reposer quelques heures après que je me sois levé et que je l'ai bercé dans mes bras quelques temps. C'est donc bien fatigués que nous arrivons à Pékin.

Après le contrôle de l'immigration, nous passons récupérer nos bagages et empruntons pour cela l'ascenseur, car la poussette de L ne se prête guère aux escaliers. Cela nous vaut un nouveau contrôle de nos passeports ! En riant, je fais remarquer à Q que c'est bien la première fois qu'on me demande une pièce d'identité pour prendre l'ascenseur... jusqu'à ce qu'on nous les redemande à la sortie du-dit ascenseur ! Rectification, donc : c'est bien la première fois qu'on me demande une pièce d'identité et pour prendre et pour sortir d'un ascenseur !

Nous sommes accueillis à la sortie de l'aéroport par 吴老师 (Wu2 lao2shi1) – le professeur Wu, avec qui nous avons une amie commune, et qui apparemment enseigne à ses étudiants les usages, la courtoisie, la politesse, etc. Elle nous conduit à notre hôtel, sur le site de son université, dans une très jolie Audi A4 rouge.

Le long du trajet, outre les traditions chinoises concernant le code de la route comme le fait de doubler par la droite et/ou via la bande d'arrêt d'urgence, je note l'utilisation presque systématique des zébras des sorties de voies rapides comme places de parking !

L'hôtel est luxueux. Comme nous avons des bagages et que la chambre réservée n'est plus disponible, nous serons même surclassés ! L, par la fenêtre du 11ème étage, admire le trafic routier, tandis que nous déballons nos affaires. C'est encore le matin. La journée ne fait que commencer !

Nous sommes rejoins par G, un ami de longue date que nous avions vu à Nankin l'année dernière. Il nous prête pour la durée de notre séjour pékinois téléphone et borne 4G/wifi, dont nous ferons sans nul doute bon usage. Nous prenons rapidement congé de lui car nous le verrons plus tard dans la journée et pour l'heure nous partons déjeuner avec le Professeur Wu et J, une amie nantaise de retour à Pékin pour quelques mois et que nous voyons régulièrement en France.

Les effets du voyage et du décalage horaire commencent à se faire sentir : je pique du nez dans la voiture.

Alors que le Professeur Wu se gare près de notre destination, une préposée au stationnement surgit de nulle part pour réclamer son dû. Comme je le fais remarquer à Q, il n'y a pas de parcmètre à chercher, ici : ce sont eux qui viennent à nous ! L'avantage, c'est que l'on peut négocier : "Vous allez au restaurant ? Vous en avez sans doute pour deux heures, soit 25 yuans ! – Tout ça ? – Je vous les fais à 20 !"

Le repas est délicieux, notamment le 松鼠鱼 song1shu3 yu2 (poisson écureuil), appelé ainsi de par la façon dont il se présente (un peu comme une mangue en hérisson), et bien sûr le canard laqué ! Le restaurant est également agréable, dans une petite cour, avec un jardin aux fleurs magnifiques. À l'entrée, je remarque un chantier, où des ouvriers s'activent à la finalisation d'un mur en vraies fausses briques.

Poisson écureuil'
Le fameux "poisson écureuil"
Bâtiment en 'briques'
Vous croyiez que les bâtiments "en brique" se faisaient avec des briques, vous ?!

À l'issue du repas, le Professeur Wu nous dépose à l'arrêt de métro le plus proche. Direction Tian An Men, où nous retrouvons G et sa femme W. Pas de cité Interdite pour nous cette année : nous pensons visiter le Musée National (中国国家博物馆 Zhong1guo2 guo2jia1 bo2wu4guan3), mais il n'y a plus de billets pour la journée ! En effet, bien que gratuit, ce musée maitrise l'affluence en ne mettant quotidiennement qu'un nombre limité d'entrées en circulation, un principe que j'avais déjà vu appliqué lors de la visite (fructueuse cette fois) en 2013 du pavillon chinois de l'Exposition Universelle de Shanghai de 2010.

Chaque passage par les souterrains nous vaut un contrôle de sécurité, ce qui est un peu lourd à la longue, surtout qu'ils nous interrogent systématiquement sur la bouteille d'eau présente dans le sac de L, et qu'à force qu'ils nous demandent d'y goûter, le petit n'aura bientôt plus rien à boire ! Les forces de sécurité sont d'ailleurs très visibles sur et aux abords de la place, et nous savons que de nombreux policiers en civil sont mêlés à la foule. Depuis les attentats du 28 octobre 2013, ce lieu hautement symbolique (pour pleins de raisons différentes) est sous haute surveillance.

Tian An Men
La célèbre "Porte de la Paix Céleste"
Bob-ombrelle
Pourquoi s'encombrer d'une ombrelle quand il suffit de la combiner avec un bob ?

Nous décidons de visiter le parc Zhongshan, qui jouxte la Cité Interdite. Celui-ci propose justement un thème hollandais, et les tulipes sont à l'honneur. Comme c'est dimanche et qu'il fait beau, c'est bondé. Cela n'en demeure pas moins agréable et nous profitons des fleurs et de l'ombre en papotant pendant que L se dépense en tirant lui-même sa poussette.

Parc Zongshan
Le parc Zhongshan...
Tulipes
... et sa superbe exposition de tulipes.

La visite terminée, nous accompagnons nos amis chez eux, car ce soir pas de restaurant : ils nous invitent à manger ! Leur appartement est aussi propre et bien rangé que notre maison est bordélique ! Il faut dire que je soupçonne G d'être un peu psychorigide sur certains points, l'ordre en faisant sûrement partie. C'est d'ailleurs lui qui est à la manœuvre pour le repas, pour illustrer les talents de cuisiniers qu'il nous vantait depuis déjà pas mal de temps. Nous faisons tous honneur au résultat, L compris.

Vers 21h, nous tombons de sommeil et décidons de rentrer. Au lieu d'un taxi classique, G utilise une application "à la Uber" pour dénicher une voiture particulière qui nous ramènera à l'hôtel. Comme nous le verrons les jours suivants, ce mode de transport fait fureur, et le service est aussi bien fourni par les particuliers que par les chauffeurs de taxi eux-mêmes (les conflits que l'on voit en France semblent bien loin). La facilité, l'absence d'argent à manipuler, cela fait que tout le monde est gagnant.