Ce matin, nous sommes allés dans un relai d'envoi de colis ; nous avons en effet renoncé à envoyer quoi que ce soit via la poste chinoise qui trouve toujours un prétexte bidon pour refuser tout ce qui ne ressemble pas à une lettre. Le relai en question n'est qu'un bureau miteux jeté dans le coin d'un garage vide aux murs de ciment constellés de taches et de graffitis. Voyant que je suis étranger, la patronne, fort aimable au demeurant, tente de nous arnaquer en beauté en nous demandant 10 yuans, alors que la semaine précédente, Q venue seule n'avait déboursé que 7 yuans pour quelque-chose de beaucoup plus lourd et la même adresse de destination ! Prise en flagrant délit d'escroquerie, la patronne rectifiera finalement (mais avec réticence) à 7 yuans, que nous payons, même si rien ne nous prouve que nous devrions pas payer encore moins cher.

Échaudée par cette affaire, c'est seule que Q se rend dans un magasin dans lequel nous avions repéré une peinture chinoise de bambous (réalisée par un artiste de Nankin) que nous verrions bien dans notre salon, avec la ferme intention de négocier quelque peu le prix. Il faut dire que seule la peinture nous intéresse, et que le cadre restera nécessairement en Chine, faute de place dans nos bagages. Las, le vendeur se souvient naturellement de moi, et se montre assez réticent au marchandage, arguant que les étrangers sont "riches". Sans se démonter, Q réplique que nous ne le sommes pas, que notre pouvoir d'achat n'est pas nécessairement supérieur à celui de beaucoup de Chinois (ce qui est vrai : des ingénieurs se débrouillent souvent mieux en Chine qu'en France). Intrigué, le marchand demande (sans gêne apparente) pourquoi elle n'a pas du coup épousé un Chinois ! Réponse : "Il est gentil, et il s'occupe bien du gamin". "Moi aussi j'aime m'occuper des enfants", réplique le vendeur, qui finalement accepte un compromis avec la vente de deux tableaux en échange d'une remise, même s'il aurait préféré un autre choix de notre part pour le deuxième tableau...

Pas toujours facile de jouer les étrangers dans un autre pays...

L'après-midi, les amis avec lesquels nous avions fait notre excursion à Yangzhou viennent à Danyang. C'est un peu une décision de dernière minute, alors il nous faut nous adapter. Comme il viennent avant tout se faire faire des lunettes, nous nous retrouvons devant l'ancienne gare ferroviaire, autour de laquelle se concentrent des centaines de boutiques de lunettes. Voir à nouveau cette gare a un petit côté nostalgique : c'est là que j'arrivais à Danyang les premières années, alors étudiant à Shanghai pour rejoindre Q lorsqu'elle revenait passer ses vacances en Chine. Elle parait si petite maintenant à côté des immenses structures créées le long de la ligne à grande vitesse, dont la nouvelle gare située juste derrière (qui bien qu'impressionnante est ridicule en comparaison des nouvelles gares de Pékin ou Nankin).

Nos amis arrivés, nous nous rendons tous chez une opticienne que connaît la maman de Q, ce qui est l'assurance d'un prix honnête (à l'exception des grossistes étrangers "à qui on ne la fait pas", les étrangers sont des proies faciles). Comme quelques jours plus tôt, la vue est vérifiée sur place, les lunettes choisies sont montées en un quart d'heure, et le prix d'environ 50 € pour la qualité choisie est très intéressant comparé à ce qui se pratique en France (sans pour autant rogner sur les marges des intermédiaires chinois, juste en enlevant celle de l'opticien français... de quelques centaines d'euros !).

Étape suivante, nous gagnons un magasin de China Mobile dans le centre, car YQ a perdu son portable et pense en acheter un autre (potentiellement un Xiaomi). S'ils sont en voiture, nous prenons le vélo. Au final, ils auront un peu de mal à trouver et nous arriverons avant eux ! Finalement, nous ne prendrons pas le téléphone, car nous n'avons aucune certitude quant à son bon fonctionnement avec le réseau 3G/4G français. Au sujet de Xiaomi (小米 Xiao3mi3, mot à mot "petit riz" ou "millet"), il s'agit d'une marque chinoise qui a le vent en poupe. Fortement inspiré d'Apple question design, il produisent des téléphone de très bonne qualité à des prix imbattables, moyennant il est vrai une très faible marge qui les amène à se rattraper sur les services associés au téléphone (mais dont on peut très bien se passer si on le souhaite). Présente pour l'heure en Chine uniquement, cette marque entend bien se développer à l'international. Affaire à suivre, donc ! Nos amis achètent des protections pour iPhone (pour divers collègues), que l'on trouve ici autour de 25 € contre plus de 60 € en France (on parle là de marchandise véritable, et non de contrefaçon).

Pour le soir, nous les invitons au restaurant. Une nouvelle fois, ils prennent la voiture et nous le vélo, puis le bus jusqu'à son terminus, puis marchons encore cinq minutes à pied. Au final, nous n'arriverons que légèrement après eux ! Ce restaurant, conseillé par les parents de Q, est une agréable surprise. Nous mangerons notamment du canard laqué (miam) et des écrevisses (dont c'est justement la saison).