Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Voici sans doute ce qui constitue le dernier billet de l'odyssée d'un pingouin dans l'Empire du Milieu. Une odyssée aux multiples facettes, tant culturelles, studieuses que personnelles, qui m'aura amené à mieux comprendre la Chine et ses habitants. Je ne saurais en revanche affirmer totalement maîtriser les tenants et aboutissants de ce pays-continent, qui recèle encore bien des mystères, et que j'appréhenderai sans doute mieux à chaque séjour ; car ce n'est pas un adieu au sol chinois, juste un au-revoir. Q et moi ne manquerons pas d'y retourner régulièrement, que ce soit pour voir sa famille ou visiter, avec le but pour le moment un peu flou de s'y établir un jour pour une durée significative.

Ce séjour a été l'occasion de repenser nombre d'aspects de ma vie et d'envisager la délicate transition vers la vie de couple. Au-delà des difficultés rencontrées (principalement administratives, mais également d'une certaine façon affectives), en dépit du travail intense, malgré les période de doute, je regarde cette expérience avec l'idée qu'elle n'a en aucune façon été futile et qu'elle se révélera source d'enseignement pour les années à venir. On a coutume de dire "dis-moi qui je suis, je te dirai qui tu es". Nul expérience – la vie de couple mise à part – ne semble plus propice à se découvrir que de se retrouver dans la peau de l'étranger, tout à la fois objet des regards et révélateur de différences.

Être étranger en Chine est une expérience singulière par bien des aspects et ne peut être aisément transposée à ce que vivent en France les visiteurs venus d'ailleurs. Au cours de l'histoire, grâce à son impressionnante démographie, l'Empire du Milieu a toujours su absorber les arrivants, jusqu'à les convertir à sa culture. Avec 96 % de Hans, la population y est très homogène, à la fois ethniquement et culturellement, en dépit de variations locales, ce qui à bien des égards est surprenant pour un pays aussi vaste. Il s'ensuit un rapport envers les étrangers alliant politesse et hospitalité, qui fait dire – avec raison – à ceux qui visitent l'ancienne Cathay que les gens y sont accueillant, la nourriture excellente et la culture un enchantement. Un certain nombre de clichés, véhiculés en partie par Hollywood, sont toutefois attachés aux occidentaux. Ne reflétant pas nécessairement la réalité, ils indisposent parfois, mais se traduisent la plupart du temps par une fascination des Chinois pour les étrangers finalement peu justifiée (entre le rêve et la réalité, un séjour en occident permet souvent de se faire une idée ;) ). Les étrangers conservent un côté exotique en Chine, aspect laissant quelque peu rêveur que nos sociétés occidentales très cosmopolites ont bien souvent fini par oublier en ce qui concernent leurs propres immigrants. À la décharge de ces dernières, il n'est pas toujours facile de vivre ensemble, et des pays comme la France n'ont pas l'homogénéité que la Chine peut avoir, ne disposant notamment pas de la capacité historique d'absorber les arrivants de cette dernière. La proportion de la population de l'Empire du Milieu que les étrangers représentent est au final ridiculement faible.

Le grand départ aura lieu samedi soir. C'est un moment que j'ai attendu avec impatience depuis fort longtemps, non que je ne souhaite particulièrement quitter la Chine en tant que telle, mais parce que nombre de personnes auxquelles je tiens me manquent beaucoup. Quoi qu'il en soit, "ce n'est qu'un au-revoir"...