Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Coucou, chers lecteurs (enfin ceux qui n'ont pas définitivement déserté mon blog) ! Enfin Internet et un peu de temps à passer devant mon écran !

Qu'est-ce qui a pu se passer depuis début septembre ? Énormément de choses, comme vous allez pouvoir le constater en lisant ce qui suit. Tellement de choses que je ne sais trop par où commencer... Une réponse serait de commencer par le commencement. Je vais donc suivre un ordre plus ou moins chronologique.

Le 6 septembre, j'ai déménagé mes affaires, destination Minhang. Le trajet est assez long, ainsi que j'ai pu le remarquer. A partir de Xujiahui, il faut compter une bonne heure, changer de métro et finir à pied. Chargé comme je l'étais, c'était difficile. Heureusement, Guoquan, un ami de Gaojun, est venu m'aider. À deux, nous arrivions à avancer, certes lentement, mais à avancer quand même. Arrivés près de l'université, nous avons évité de marcher un quart d'heure (temps sans valise) en prenant un des taxis non officiels qui sont légion dans ce coin. Il s'agit en général de voiture de petites tailles, que rien ne paraît distinguer des autres, sinon qu'elles paraissent attendre quelqu'un près des points tels que les stations de métro – en l'occurrence, elles attendent les passagers qui veulent bien les emprunter. Bien sûr, ce n'est pas légal, mais c'est moins cher qu'un taxi, ce qui est bien pour une distance aussi faible.

Mon logement est situé juste à l'entrée de l'immense campus, ce qui est un avantage pour aller en ville. Je suis au 4ème étage, ce qui est un peu juste pour espérer échapper aux moustiques qui pullulent littéralement (il y a une moustiquaire à la fenêtre, et malgré cela je tue au minimum cinq de ces affreuses bestioles chaque jour. Je ne sais pas comment elles rentrent). Mes voisins, des Coréens, n'apparaissent vraiment en forme qu'entre onze heures du soir et deux heures du matin, ce qui est un peu gênant par moment. Sinon, le logement est bien, avec une petite salle de bain, une télévision, un téléphone, un frigo et... un lit ! (ne rigolez pas, c'est utile !). En théorie, il était sensé y avoir Internet, mais il m'a fallu attendre plus de trois semaines pour en bénéficier effectivement. Et encore, le débit est d'une telle lenteur que je me sens revenir au bon vieux temps des modems 512k !

Jiaotong dispose de plusieurs restaurant. Le plus proche est à quelques minutes, ce qui est très utile. La nourriture n'y est pas fameuse, mais ce n'est pas cher (il faut faire des choix dans la vie !). J'habite au-dessus d'une banque. Il y a également sur le campus une agence de ma propre banque, un coiffeur, une librairie, quantité de commerces, incluant une supérette, plein d'endroits pour imprimer ou photocopier, un bureau de poste, etc... Bref, c'est une véritable ville dans la ville. Il y a aussi Auchan à un quart d'heure à pied. Dès le premier jour, j'ai acheté un vélo. Comme beaucoup d'élèves sont à la recherche d'un vélo d'occasion, j'avais peu de chances d'en obtenir un. Je me suis donc rabattu sur un neuf, acheté dans les 260 yuans (25 euros environ), avec garantie, imperméable et cadenas. Par la suite, j'ai constaté que cette cochonnerie commençait à rouiller, ce qui paradoxalement est une bonne chose, car ça dissuadera d'éventuels voleurs. Disposer d'un vélo n'est un pas un luxe ici, c'est tout bonnement indispensable. Autrement, pour aller en cours, il faut largement une demi-heure à pied.

Le samedi soir (8 septembre), je suis revenu à Xujiahui passer la nuit, afin de pouvoir être le lendemain le plus tôt possible à l'aéroport de Pudong, afin d'accueillir Q qui arrivait de France vers 7h du matin. Je me suis donc levé à 4h30, ai réussi à prendre le premier métro à 5h et gagné la station du Maglev qui relie l'une des stations de métro les plus éloignées de mon point de départ à l'aéroport international, situé à 30 km à l'est de la ville. Le Maglev est un train expérimental à lévitation magnétique (le seul employé dans le monde). Sa vitesse moyenne est de 300 km/h, mais lors du retour, il est monté à 430 km/h. Il est à noter que ce train est le détenteur du record mondial de vitesse, que le TGV n'a jamais pu égaler, malgré sa récente démonstration de force. Toutefois, ce train est comme je l'ai dit "expérimental", transporte peu de voyageurs, et sur une distance très faible. Il n'existe de plus qu'à un seul exemplaire, et son exploitation coûte une fortune (Alstom a renoncé à ce genre de technologie qui n'est énergiquement pas rentable). Rien de commun donc avec le TGV. Ce train est de fabrication allemande et le billet coûte 50 yuans (pour 7 à 8 minutes de trajet). À ce propos, une anecdote amusante me revient en mémoire : les voyageurs sont pris en charge par des hôtesses (pour 7 minutes !) et par un chef de station, qui reste sur le quai. Lorsque le train part, ce dernier lui fait un profond salut militaire. Du genre "salut à ceux qui vont mourir au front" ! Du reste, l'avantage du Maglev est qu'il est spacieux (lorsque l'on reste 7 minutes dedans, il faut pouvoir disposer d'espace pour ses jambes :p !), et que c'est amusant quand il "décolle" de ses rails au début du parcourt. Après, il fait autant de bruit qu'un TGV, sinon plus.

Cependant, avant de prendre le Maglev, il faut pouvoir sortir de la station de métro. Une opération banale. En temps normal, on dispose d'une petite carte, que l'on rend à la machine qui nous laisse sortir. Seulement, avec moi, rien à faire ! Le titre n'était pas valide. Pourtant, je l'avais dûment payé, et il ne m'avait rien dit lors de la validation initiale. Poliment, il me demande de me mettre en rapport avec un agent. Et c'est là que le bas blesse : il est 6h20 et la station est pratiquement déserte. Par dessus la barrière, je m'adresse à un employé que je peux apercevoir après plusieurs minutes d'attente et lui explique mon problème. La réponse est cinglante : "ce n'est pas mon travail. Vous n'avez qu'à attendre !". C'est agréable de voir des gens montrer un tel désir d'aider. Il aurait pu attirer l'attention d'un des guichetiers un peu plus loin qui ne pouvaient pas me voir, mais non ! L'ennui, c'est qu'il est 6h30 et que je vais finir par être en retard... Après un quart d'heure d'attente supplémentaire, en compagnie de deux voyageurs étant montés à la même gare que moi et ayant le même problème, un employé arrive enfin, prend le temps de s'installer dans sa guérite, et regarde finalement ma carte. Deux secondes plus tard, il m'en donne une autre et je peux sortir. Je me dépêche de gagner la gare du Maglev. Je viens de le manquer. Le suivant part à 7h00. Lorsque j'arrive à l'aéroport, je suis en retard, et Q, dont l'avion était lui en avance, m'attend déjà.

J'ai pu passer un moment avec elle, avant qu'elle ne rentre chez elle avec ses parents. J'ai alors repris le Maglev puis le métro en sens inverse, cette fois sans encombre. Une fois à Xujiahui, je suis allé à Jiaotong pour officialiser mon inscription, ainsi qu'on me l'avait demandé, m'assurant que cette formalité accomplie, tout serait parfait. Le tout ne prends pas longtemps, je dispose alors d'une nouvelle carte d'étudiant, mais pas d'emploi du temps ! On me dit que je dois le demander à Minhang. Je commence à trouver qu'on se moque un peu de moi : ça fait quatre mois que je demande des précisions, et la même personne m'avait dit que je saurais tout à ce moment-là. Or je ne sais toujours pas quels cours j'avais le lendemain. J'avais contacté d'autres personnes, toutefois. Celles-ci m'avaient dit de contacter la personne de Xujiahui. Cette dernière tente de me consoler en me redonnant leur nom !

Je suis donc rentré à Minhang, après avoir rendu définitivement mon appartement de Xujiahui. J'étais content de laisser ce voisin détestable et ce propriétaire véreux.

À l'université, Guoquan a essayé de m'aider. Seulement, personne ne sait rien sur moi, sinon que j'ai été admis (ce qui est déjà ça). La personne responsable des étudiants étrangers me donne une liste de cours. Je trouve ça bizarre, car ce n'est pas tout pour mon option. En fait, il s'agit de la liste des cours enseignés en anglais uniquement. Le soir, je me rends compte que ma carte obtenue à Xujiahui ne peut pas servir à quoi que ce soit, ni pour la cantine, ni pour la bibliothèque. En fait, durant près d'un mois, je vais manger sur la carte de Guoquan, le temps que ma carte (réalisée après deux semaines d'insistance et la visite d'innombrables bureaux, puis envoyée par erreur à Xujiahui) me soit donnée (ce dimanche 30 septembre au soir pour être précis).

Le lundi 9, je commence par suivre un cours... de traitement du signal ! Pour moi, c'est signe que la liste de cours que j'ai ne correspond à rien me concernant. Avec Guoquan, nous passons la journée à parcourir les bureaux. Personne ne sait rien sur rien, les employés nous envoient de bureau et bureau, avec des allers-retours nombreux. Le soir, je prends la décision de ne pas suivre cet emploi du temps qui ne correspond à rien, et d'en obtenir un autre.

Le lendemain n'est pas meilleur, le mercredi non plus. En fait, il ressort que j'étais inscrit au niveau de l'université, mais pas de mon école ! Aucun moyen d'obtenir des infos, malgré Guoquan qui se démène. Je ne sais pas comment font ceux qui n'ont pas d'ami chinois sur qui compter... Finalement, je reçoit la liste de tous les cours disponibles, me compose un emploi du temps suivant les rares infos provenant de l'EMN (car à SJTU personne ne sait en quoi consiste le double-diplôme, jusqu'aux contacts de l'EMN qui sont impossible à joindre).

Je finis la semaine en allant à certains cours de mon choix, même si je ne suis toujours pas inscrit, que rien n'est validé, et que personne n'est en mesure de me dire ce que je dois faire.

Mardi et mercredi, le sujet sur toute les lèvres, c'était le typhon qui approchait ("typhon" est le nom donné aux cyclones en Asie). Chic ! Mon premier cyclone ! En plus, c'était le plus violent depuis 10 ans, classé catégorie 4 (sur une échelle de 5) et sensé toucher la côte directement sur Shanghai ! Une aubaine ! (enfin, pas pour les 200 000 personnes évacuées préventivement). Après avoir été annoncé mardi soir, on nous dit qu'il arrivera mercredi soir ! Je suis consigné chez moi ce soir là, avec obligation de fermer les fenêtres. En fait, le cyclone n'arrivera pas. La trajectoire de ce genre de phénomène est dure à prévoir. Il a touché la côte plus au sud, avant de parcourir un vaste arc de cercle sur les terres et passer plus à l'ouest, entre Shanghai et Nankin. Un cyclone ayant besoin de l'humidité de la mer pour croître, il a rapidement perdu de sa puissance et a été rétrogradé en quelques heures au rang de tempête tropicale. On en a été quittes pour deux jours de pluies importantes et un peu plus de vent que la normale. Dommage :p (ou pas !). Je peux me consoler en me disant qu'il y a peu de dégâts (1 mort quand même) et que ce genre de phénomène se produit en moyenne 10 fois par an entre août et septembre. Ce sera pour une prochaine fois !

Le week-end, je pars le samedi matin pour Nankin, rejoindre Q. Je reviens le lundi après-midi, n'ayant pas cours ce jour-là selon mon emploi du temps très provisoire. Très bon week-end. À Nankin, se trouve aussi une super librairie où je trouve des Tintin en chinois pour moins d'un euro par exemplaire (les livres sont très peu chers en Chine. Les gros livres d'informatique valent par exemple dans les 6 euros, contre plus de 30 en France).

Au cours de la semaine suivante, rien n'évolue avant le vendredi, malgré tous nos efforts. Je commence à connaître le campus et le personnel administratif. Ce vendredi, après d'incessants voyages de bureau en bureau (parfois situés fort loin les uns des autres), j'obtiens mon numéro d'étudiant. On m'explique que ma carte de cantine est quelque part, mais ils ne savent pas où. Par contre, il faut que je sélectionne mes cours sur Internet avant le soir ! Heureusement, je viens d'avoir ma connexion, et à force d'insistance, nous parvenons Guoquan et moi à savoir enfin quels crédits et types de cours sont nécessaires ! Comme ce numéro n'est pas activé, c'est impossible d'effectuer la procédure. S'en rendant compte, et comprenant que ça commence à être urgent, ils modifient à la main la base de données. Ouf ! Je fais donc un choix de cours. Cependant, je n'ai pas encore de tuteur (un truc dont personne ne m'avait parlé) et c'est impératif, puisque c'est lui qui doit valider cette liste. Comme c'est le week-end, il faudra attendre.

Ce week-end, c'est Q qui vient à Shanghai. Entre autre, nous visitons le musée qui se trouve Place du Peuple. C'est un musée qui a pas mal d'objets intéressants. Seulement, je lui reprocherais de ne donner AUCUNE explication sur les objets exposés. Il n'y a que leur nom et leur époque. Pas un mot sur leur histoire, leur particularité, leur usage... C'est vraiment dommage. Seulement, pour le moment, ça contente les Chinois, qui n'ont pas vraiment une "culture des musées", et sont heureux dès lors qu'ils peuvent se prendre en photo à côté d'objets anciens, dont l'histoire leur importe relativement peu.

Le lundi, je rencontre mon tuteur. Il s'agit du professeur qui a été le contact de l'EMN en ce qui concerne la partie informatique du double-diplôme (c'est à dire la partie qui me concerne). Il avait reçu mon CV (actualisé) et ma lettre de motivation concernant ma demande pour qu'il soit mon tuteur, mais avait tout oublié de l'EMN... Il est assez sympa et a accepté d'être mon tuteur. Toutefois, je garde un souvenir assez amère de cet entretien. Il a commencé par me dire qu'il n'acceptait que d'excellents élèves, mais que pour moi, il s'en moquait éperdument. Il me prend parce que je suis étranger, et que je peux l'aider à améliorer son anglais. Il ne veut pas savoir ce que j'ai pu faire avant. J'ai donc pu intégrer son laboratoire, mais je suis toujours dubitatif quand à savoir si j'ai bien fait de ne pas chercher un autre tuteur... Chose bizarre, il parle toujours de lui-même à la troisième personne, ce qui m'a amené à lui demander s'il était bien la personne que je pensais !

Je commence la semaine en appliquant mon nouvel emploi du temps, modifié le vendredi précédent. Je dois rattraper certains cours, j'en ai suivi d'autres qui ne me servent dorénavant à rien... C'est rageant. Certains cours sont en anglais, d'autres en chinois, certains en chinois avec le ppt en anglais. Le dernier choix est pas nécessairement le meilleur : un ppt est parfois dur à comprendre sans explications, et comme le texte est en anglais, c'est impossible pour moi d'apprendre facilement le vocabulaire employé par la prof pour ses commentaires. C'est donc dans les cours 100 % anglais ou 100 % chinois que je réussi le mieux pour le moment (moyennant un apprentissage du vocabulaire spécifique).

Du point de vue administratif, même si ça s'arrange pour les cours, toujours rien pour ma carte. Mon tuteur veut que je suive les cours de marxisme, mais ce n'est pas prévu dans le double-diplôme, pour autant que je sache. Je ne me sens pas capable de suivre ça en chinois. Comme je n'ai pas reçu de confirmation que j'étais exonéré de ces cours, mon emploi du temps est toujours en suspend à l'heure actuelle... Par contre, mon tuteur ne veut pas que je suive les cours de culture chinoise (adressés aux étrangers). Moi, je le veux, et j'ai bien l'intention d'en discuter avec lui.

Vendredi soir, je suis parti chez Q en car. Il m'a fallu 3 heures, car elle habite près de Nankin. Les services de la gare routière ont montré une très mauvaise organisation. Tout le monde criait dans tous les sens, et je suis parti avec une bonne heure de retard. Par contre, le bus était très confortable, ce qui était plutôt un point positif. J'ai passé la journée du lendemain avec elle et sa famille et les ai accompagné à l'aéroport. Je n'ai pas pu m'éterniser pour dire au-revoir à Q. J'ai attrapé le dernier Maglev (à 21h), puis la ligne 2 de métro, puis la ligne 1, puis j'ai réussi à attraper l'un des derniers métros de la ligne 5 (je ne sais pas pourquoi, mais les portes se sont mystérieusement rouvertes alors que le métro allait partir). Cela m'a permis d'arriver en marchant vite à 22h40 chez moi, les portes de ma résidence étant bouclées à 23h ! Ouf ! Si j'avais manqué ce dernier métro, j'aurais dormi devant la porte de l'immeuble !

Dimanche 30 septembre, j'avais cours, et le soir, j'ai obtenu ma carte de cantine ! Hourra ! Il reste encore quelques problèmes administratifs, mais le plus dur est derrière moi.

Pourquoi ces cours le week-end ? Tout simplement cette semaine, c'est celle de la fête nationale chinoise (le 1er octobre). Elle s'accompagne de deux jours de pont (mardi et mercredi). Pour permettre aux gens de rentrer, le jeudi et le vendredi ne sont pas travaillés, en échange du week-end précédent. J'ai donc une semaine de vacances ! Ça va me permettre entre autre de mettre de l'ordre dans mes cours, qui n'ont pas apprécié ces constants changements d'emploi du temps.