Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Le tabac occupe une place prépondérante en Chine. On estime qu'environ 67 % des hommes et 4 % des femmes fument régulièrement. De fait, cette drogue cause de profonds ravages. On dénombre chaque année 1 000 000 de morts dus à la cigarette, et selon certaines estimations, ce total pourrait s'alourdir pour attendre 2 000 000 aux alentours de 2020. Il s'agit donc d'un véritable problème de santé publique (à comparer aux 170 000 morts annuels des accidents industriels).

Pour autant, les autorités chinoises ont semble-t-il tardé à réagir. Cette inertie et la timidité des actions entreprises peuvent s'expliquer par un certain nombre de facteurs :

  • La cigarette est l'emblème de tout un pays, notamment de toute la génération ayant vécu la Révolution et les années sous Mao. Ce dernier fumait pas moins de 3 paquets par jour, ce qui ne pouvait manquer de faire des émules. Fumer une cigarette est également associé à l'amitié, à l'échange et à la détente. Par exemple, c'est l'un des cadeaux que peuvent recevoir les invités à un mariage, là où nous offririons des dragées (d'accord, c'est mauvais pour les dents...).
  • La Chine est le premier producteur mondial de tabac, assurant près de 30 % de la récolte. Toutefois, elle consomme également près d'un tiers du tabac disponible sur la planète. C'est donc essentiellement une culture destinée au marché national. Outre les grands profits qu'en retire l'État, un grand nombre d'emplois est aussi présent dans la balance, ce qui ne plaide pas en faveur d'un bannissement de la cigarette.

Les autorités chinoises ont cependant décidé de réagir, bien que d'une manière assez peu efficace. La publicité à la télévision ou dans les magasines est interdite, et fumer dans certains lieux publics prohibé. Cependant, force est de constater que les Chinois n'obéissent pas à ces règles, et les enfreignent la plupart du temps (après, ça dépend des gens). Le prix ridiculement bas des paquets n'est également pas très dissuasif (de l'ordre de 50 centimes d'euros si mes observations sont exactes), de même que les amendes (1 euro pour une infraction à l'interdiction de fumer si on se fait prendre).

Dernièrement, les jeux olympiques de Pékin ont été décrétés non-fumeur. Il apparaît cependant certain qu'au-delà des délégations, ces déclarations de bonne volonté resteront lettre morte. Les autorités ont renoncé à contraindre les restaurateurs à les respecter, se contentant de recommandations que les patrons, soucieux de ne pas perdre leur clientèle, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne suivraient pas.

De fait, moi qui ne supporte pas le tabac, je dois souvent me déplacer en apnée, notamment dans la rue, ou pire lors des repas avec mes collègues (comme aujourd'hui, c'est pour cela que je parle du tabac ce soir). Je constate également que les fumeurs ne sont pas mieux élevés qu'en France. À croire que la cigarette explose consciencieusement les neurones de ceux qui les fument... (en fait, c'est clairement une question de dépendance à une drogue, qui provoque de profonds changements de personnalité chez le fumeur qui, pire que tout, refuse de l'admettre dans la plupart des cas).

(Les chiffres de ce billet sont issus d'un article provenant du site chine-information.com)