Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

C'est le retour du chroniqueur ! J'ai la sensation d'avoir quelque peu délaissé mon blog ces derniers temps. Je n'ai pas toujours envie de taper à l'ordinateur lorsque j'ai trop chaud...

Au chapitre des derniers évènements passionnants se déroulant dans mon quartier animé, il faut citer cette armée de travailleurs qui depuis maintenant deux mois retourne systématiquement les vastes trottoirs de cette charmante avenue Hong Qiao. Dans un soucis d'embellissement de la ville, la municipalité a décidé de remplacer les pavés des trottoirs. C'est à mon sens une bonne idée. Je trouve que Shanghai, en plus d'être propre (mais polluée, ne confondons pas les choses) est par bien des égards une ville où il est agréable de se déplacer, du moment que l'on fait abstraction des voitures qui refusent de laisser passer les piétons (j'ai tout de même fêté comme il se doit la troisième voiture qui n'a pas souhaité m'écraser depuis mon arrivée sur place). Les avenues comme Hong Qiao Lu sont vastes, avec de la verdure et des arbres, et des trottoirs flambant neufs. La ville se prépare notamment pour accueillir l'Exposition Universelle de 2010, motif de grande fierté pour les Shanghaiens.

Les trottoirs chinois sont constitués de pavés, posés comme une terrasse, au maillet, sur un lit de sable mêlé d'un peu de ciment. Le procédé est simple. Une première cohorte de travailleurs fait sauter les anciens pavés à la pelle et à la pioche (ils les dégagent en faisant levier par dessous pour être plus précis, car ils ne sont pas scellés). Un second groupe apporte alors du sable, qui est damé par une machine et soigneusement mis à niveau avec une grande règle (ça me rappelle les travaux dans la cave au Pied...). Derrière, de nouveaux arrivants composent la mosaïque de pavés à partir de deux couleurs : gris et rouge. Du sable est ensuite mis dessus et balayé, laissant les grains s'introduire entre les briques. La poussière et les innombrables passants se chargent alors de la finition. Les endroits pour lesquels il n'est pas facile de placer des pavés (bordure de murs, pieds de poteaux...) sont scellés avec du ciment coloré, sur lequel des traits effectués à la truelle donnent l'apparence de briques qu'on aurait découpées. La couleur est un peu discordante vis-à-vis du reste, mais avec un peu de temps, de passages de souliers et de coups de balais, je pense que tout sera uniformisé. Il est amusant de constater que les ouvriers se trompent souvent – intentionnellement peut-être – dans les motifs lorsqu'ils font ces raccords.

Hier, c'était au tour de la devanture du KFC. Sur les marches du perron assiégé par les ouvriers, une employée hystérique tentait à grand renfort de coups de balais de faire la chasse au moindre grain de sable, tandis que les clients passaient joyeusement au milieu de tout ce petit monde, abîmant le damage du sable avec leurs talons.

Sur les trottoirs, il y a une ligne de plusieurs pavés avec un léger bas-relief qui suit la ligne médiane. C'est un aménagement destiné aux aveugles. Même si je n'en ai pas encore vus (et qu'eux ne m'ont pas encore vu non plus :p ), je pense qu'on pourrait prendre des leçons en terme d'accessibilité des urbanistes Chinois de ce point de vue ( ;) ).

Du côté de mon appartement, l'abominable miaous qui mange les poissons sensés manger les larves de moustiques du bassin a à présent une joyeuse portée de quatre chatons, ce qui ne va pas arranger l'écosystème (en fait, je n'ai pas à me plaindre des moustiques : j'en ai tués pas mal, mais je n'ai encore jamais été piqué depuis mon arrivée).

Au boulot, j'ai mangé plusieurs fois avec mes collègues. On a commandé de la nourriture à emporter, et on l'a mangée dans la belle cuisine à notre étage. Pas besoin d'aller faire la queue à la cantine ! Pour adapter une expression de Paul, je dirais qu'on a mangé dans des bacs à chat avec des baguettes de poupée !

Sinon, le big boss va regarder mon travail demain, et me dire si ça lui plaît ou si j'ai tout faux. Sachant qu'il veut se servir le plus rapidement possible du programme, j'espère que je suis dans le premier cas, parce qu'entre la fin de la programmation, l'écriture du manuel, la formation des utilisateurs et de celui qui prendra la relève quand je partirai, la correction des bugs éventuels et les améliorations qui me seront certainement demandées, je n'aurai pas de quoi chômer d'ici la date de ma soutenance, fin août (surtout que l'école veut mes documents avant... Je vais devoir me ruiner avec DHL ;( ... Sinon, il faut plus de 2 semaines à la poste normale...).

Dans la rue, j'ai constaté quelques comportement étranges. La première et non la moindre est la présence d'une sorte de lit à baldaquin dans lequel des ouvriers travaillant à la réfection du trottoir dorment parfois le matin, au beau milieu des outils et du passage ! Sinon, comme il fait très chaud, beaucoup de Chinois relèvent leur T-Shirt jusque sous leurs aisselles. C'est d'une classe :p ! J'ai même vu des personnes d'un certain âge, en slip, perchées sur un amas de bordures de trottoir pas encore posées, un éventail à la main !

Dans la rue, on croise aussi les fashion victimes typique de Shanghai. Profil : jeunes filles d'une vingtaine d'années, avec talons à aiguille (pratique dans le sable des travaux...), et généralement habillées comme des sacs (c'est mon point de vue) !

Enfin, pour terminer, j'annonce que j'ai vu pour la première fois une femme conduire un taxi. C'est assez rare. Certaines femmes conduisent bien des bus, mais les taxis, je ne l'avais encore jamais vu. Le travail ne doit pas être très facile, car on ne sait jamais sur quelle sorte de client on va tomber. Concernant le statut de la femme, Shanghai est un peu pionnière en Chine, même si ce n'est pas encore fantastique.