Cet article fait partie de la série "Retour vers le futur".

Je pense que je commence à m'habituer un peu à Shanghai. Le moral est plutôt bon, bien que commence à se poser avec insistance la question de mon futur logement. Je devrais voir ça ce week-end, avec des amis de Q. Toutefois, s'il y a des Chinois qui ont quelque chose à proposer, je suis preneur. Je souhaiterais pouvoir rester dans les environs de 中山公园. Le coin n'est pas trop mal, près du métro et du bus d'Air Liquide.

Je discute pas mal avec les collègues dans le bus (en 1h de trajet, ça laisse le temps de papoter). L'un des thèmes abordé est celui de l'éducation. Mon interlocuteur déplorait la dérive "à l'américaine" des universités chinoises, qui laissent un peu de côté leur mission d'enseignement pour se concentrer sur leur profit, synonyme de renom, d'installations modernes et de pouvoir. Le public et le privé se présentent sur un plan de quasi-égalité pour ce domaine, et imposent à leurs étudiants des frais de scolarité prohibitifs, qui empêchent nombre d'élèves talentueux mais peu fortunés d'y entrer. On recense des cas de suicides d'étudiants ou de leur famille qui ne peuvent avancer les fonds nécessaires. Naturellement, cette situation fait l'affaire des banques, qui fleurissent à tous les coins de rue, et s'enrichissent parfois de façon insolente.

La situation se retrouve au niveau du secteur de l'immobilier. Les prix flambent en ville, car la demande est supérieure à l'offre. Les Chinois doivent souvent emprunter sur vingt ou trente ans, chose encore peu courante il y a une dizaine d'années. Les prix ont plus que triplé depuis cette période.

Au travail, j'ai encore passé une matinée ennuyeuse, avant que tout s'accélère. J'ai eu une après-midi magnifique, de programmation ! Enfin des choses à faire ! Comme je ne suis pas pressé, et que l'enjeu est important, je prends le temps de bien faire les choses, et de faire en sorte de bien répondre aux demandes des futurs utilisateurs du système, à savoir mes collègues du département des Technologies de l'Information. Pour ceux que cette précision intéresserait, il s'agit de programmation ASP et de bases de données SQL, le tout saupoudré d'une fine couche d'HTML et de Javascript. Rien de bien compliqué, mais plein d'intérêt !

Je commence à bien m'entendre avec mes collègues, qui sont vraiment très sympa. Comme ils ont compris que je souhaitais parfaire mon chinois, ils me parlent souvent dans cette langue, en faisant attention à bien articuler. Mine de rien, je pense que je comprends de mieux en mieux leurs conversations. Bien sûr, j'ai encore un manque faramineux de vocabulaire, mais ce sont des premiers pas encourageants. Dans la rue, je m'efforce d'essayer de comprendre les enseignes des magasins et les publicités.

J'ai également fait la connaissance d'autres Français en stage chez Air Liquide, pour la plupart depuis plus d'un an. L'un d'entre eux est récemment rentré de France et a ramené avec lui du fromage et du saucisson. Il a fait le tour des bureaux pour faire goûter ça aux collègues Chinois, assez dubitatifs. Finalement, ils m'ont chargé en douce de finir l'assiette, opération dont je me suis acquitté avec un zèle tout gastronomique. Parfois, c'est pratique d'avoir un stagiaire Français à disposition :p !

En rentrant, je suis passé à Carrefour (家乐福 Jia1le4fu2, pour ceux qui suivent). C'est un nouveau magasin, situé au sous-sol d'un immense centre commercial, qui a ouvert ses portes il y a à peine six mois. L'ensemble doit faire au moins dix étages et s'étend sur une grande superficie. On trouve de tout, notamment toutes les marques Européennes. Comme me l'a dit un Français cet après-midi, c'est là qu'on va quand on veut trouver des produits de chez nous, bien qu'il ne faille en acheter trop souvent : gare au porte-monnaie !

Commentaires rétrospectifs (17/03/2014)
  • Je ne suis pas surpris que mes collègues n'aient pas apprécié le saucisson. En dépit de tous les trucs bizarres qu'ils peuvent manger, la plupart des Chinois bloquent dès lors qu'il s'agit de viande ou de poisson cru. D'un point de vue purement sanitaire, je peux les comprendre : ce qui est cuit est souvent moins susceptible de contenir des germes indésirables. Mais c'est tellement bon :D ! À contrario, la viande que l'on trouve dans les restaurants en Chine est toujours très très cuite (et ils savent le faire sans qu'elle ne se dessèche). Cependant, il m'est arrivé il y a deux ans de manger dans un restaurant avec de nombreux Chinois, qui ont bizarrement commandé un immense plat de saumon cru, qu'ils nous ont poussé Q. et moi à finir car aucun n'y a touché (bon, nous ne l'avons pas fait car pour le coup nous n'aurions pas survécu cette overdose, sans compter que je me méfie de l'alimentation donnée à ces poissons...).
  • Carrefour et Auchan sont deux marques très présentes en Chine. Lorsque j'étais à l'université, j'avais un Auchan à 15 minutes à pied, ce qui était assez pratique pour acheter certains produits que je ne trouvais pas sur le campus. Un magasin de la même chaîne a également ouvert dans la ville natale de Q. autour de 2009. Du coup, quand nous allons visiter la belle-famille, nous avons parfois certains produits marqués 欧尚 Ou1shang4 autour de la table !