东游记 - Mot-clé - PinyinUn Voyage vers l'Est2023-12-01T16:48:54+01:00urn:md5:78f648aa140a1c475c5c4d5673292fd3DotclearDictionnaires : Trouver un caractère par l'une de ses partiesurn:md5:c024c52ab220f3ac405117394fa3734f2014-08-28T07:29:00+02:002016-07-20T05:54:41+02:00ThomasOutils d'apprentissageCaractèresDictionnaireDébutantLangueLinguistiquePinyinTranscriptionVocabulaireÉcriture<p>Si le système des clés est fort pratique lorsque l'on cherche un caractère dont on ne connait pas la prononciation, la tâche se complique lorsque l'on est confronté à un caractère dont on ne se souvient que de manière incomplètes, et notamment de parties qui ne sont pas la clé.</p> <p style="color:#6c6c6c;"><em>Cet article fait partie de ma <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/03/20/Utiliser-un-dictionnaire-chinois">mini-série consacrée aux dictionnaires chinois</a>.</em></p>
<p>Il arrive fréquemment que l'on recherche un caractère dont on ne se souvient que vaguement, qu'on saurait reconnaître si on le voyait mais dont on ignore la prononciation. Cela est souvent dû à un phénomène bien connu des apprenants du chinois qui veut qu'un caractère soit plus facile à reconnaître qu'à écrire (d'où l'importance de s'entraîner à tracer les caractères). En ce qui concerne ce mystérieux caractère, pour peu que l'on se souvienne de l'une des parties, qu'elle soit ou non la clé, certains dictionnaires peuvent nous permettre de le retrouver.</p>
<p><strong>Exemple pas-à-pas</strong></p>
<p>Mettons que vous cherchiez le caractère signifiant "attendre", dont vous n'avez une idée qu'un peu floue de la composition, si ce n'est qu'elle contient la partie 寺 <py>si4</py> (le temple).</p>
<p>Comme 寺 n'est pas une clé de Kangxi, cela ne vous permettra pas de le <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/06/01/Dictionnaires-%3A-Trouver-un-caract%C3%A8re-par-sa-graphie">trouver dans un dictionnaire classique</a> (ici, la clé est justement la partie manquante). Nous pourrions utiliser un dictionnaire français-chinois et chercher "attendre", mais nous allons voir une autre méthode plus sûre si nous ne sommes pas certains de disposer de la bonne définition. J'utilise donc un autre dictionnaire, le 中文字谱, qui possède l'index approprié.</p>
<ol>
<li>
<p>On commence par chercher 寺 dans l'indexe des parties ⓐ. La partie a 6 traits ⓑ, mais nous ne la trouvons pas. Pour cause, c'est elle-même une combinaison de parties (respectivement 十, 一 et 寸). Nous recommençons donc avec 十, qui a 2 traits ⓒ et nous trouvons avec le numéro 31 ⓓ.</p>
<figure>
<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_1.png"><img src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_1.png" alt="Index des parties" /></a>
</figure>
</li>
<li>
<p>Nous cherchons donc la page correspondant à la partie 31 ⓔ. En suivant le graphe, nous trouvons 土 ⓕ...</p>
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<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_2.png"><img src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_2.png" alt="Index des parties" /></a>
</figure>
</li>
<li>
<p>... puis 寺 ⓖ. Là, nos souvenirs nous permettent de voir que nous recherchons le caractère 等, 18<sup>ème</sup> de l'index 31 ⓗ . Ici, le choix est assez abondant ; si notre mémoire nous fait défaut, il peut être nécessaire de considérer plusieurs candidats avant de trouver le bon.</p>
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<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_3.png"><img src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_3.png" alt="Arbre des parties" /></a>
</figure>
</li>
<li>
<p>Nous cherchons confirmation dans la définition correspondant à ce caractère , et trouvons "wait" (attendre).</p>
<figure>
<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_4.png"><img src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_4.png" alt="Définition" /></a>
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</li>
</ol>
<p class="information">Ce dictionnaire est suffisamment souple pour que nous puissions retrouver le caractère en considérant la partie 土 au lieu de 十, mais il aurait alors fait un renvoi : basé sur l'étymologie, il classe de manière préférentielle les caractères sous les parties dont ils dérivent. De même, la recherche avec 竹 (la clé de Kangxi "officielle") aurait également fonctionné, via un autre renvoi, et on aurait aussi pu chercher avec 寸, via un 3<sup>ème</sup> renvoi.</p>
<p>Si je vous ai volontairement effectué la procédure avec un dictionnaire papier, il est également possible de faire de même avec certains dictionnaires électroniques. Avec Pleco, par exemple, cela aurait donné :</p>
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<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/trouver_par_partie_pleco.png"><img src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/.trouver_par_partie_pleco_m.png" alt="Trouver par partie avec Pleco" /></a>
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<p>Ici, on a cherché le caractère 寺 dans le dictionnaire, puis on a tapé l'onglet "char" est on a trouvé notre bonheur parmi les caractères contenant cette partie ("compounds").</p>
<p>Dans le prochain article, nous verrons comment trouver un mot, ceux-ci étant souvent composés d'au moins deux caractères en chinois.</p>Dictionnaires : Trouver un caractère de graphie inconnueurn:md5:521a29e326cc6d54d401f306c7644b532014-04-08T07:31:00+02:002016-08-27T07:07:06+02:00ThomasOutils d'apprentissageCaractèresDictionnaireDébutantLangueLinguistiquePinyinTranscriptionVocabulaireÉcriture<p>Il arrive très fréquemment lors de discussions à l'oral ou en écoutant la radio de repérer des caractères ayant une certaine prononciation et dont on pressent parfois le sens. Comment concrétiser cette intuition avec un dictionnaire ? Petit mode d'emploi...</p> <p style="color:#6c6c6c;"><em>Cet article fait partie de ma <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/03/20/Utiliser-un-dictionnaire-chinois">mini-série consacrée aux dictionnaires chinois</a>.</em></p>
<p>Le premier cas d'utilisation d'un dictionnaire consiste à retrouver un caractère dont la prononciation (et potentiellement le sens) sont connus, mais que l'on ne sait pas bien écrire ou que l'on n'a jamais vu écrit du tout. Du fait du lien ténu entre écrit et oral en chinois, il est souvent plus facile d'imaginer la prononciation possible d'un caractère lorsqu'il est vu écrit (au ton et à quelques variantes près) qu'il ne l'est de deviner la façon dont il s'écrit lorsqu'on entend sa prononciation.</p>
<p>La plupart des dictionnaires modernes classent leurs caractères par prononciation puis par ton en utilisant le pinyin comme référence (<py>cheng2</py> sera ainsi après <py>ai3</py> et avant <py>dong4</py>, mais également après <py>cheng1</py> et avant <py>cheng3</py>). Cela fera notre affaire.</p>
<div class="information">
<p>Le chinois <ins>mandarin</ins> compte quatre tons auxquels s'ajoute un ton neutre (absence de ton), que l'on considère conventionnellement dans un ordre précis. Avec la syllabe <py>ma</py>, on a ainsi dans l'ordre <py>ma1</py>, <py>ma2</py>, <py>ma3</py>, <py>ma4</py> et enfin <py>ma</py>. Dans les dictionnaires, 麻 <py>ma2</py> se trouve donc classé avant 骂 <py>ma4</py>, et 妈 <py>ma1</py> avant 马 <py>ma3</py>.</p>
</div>
<p><strong>Exemple pas-à-pas : trouvons quel caractère prononcé <py>dan1</py> signifie "rouge".<br /></strong></p>
<p>Pour cela, nous allons ici utiliser le 现代汉语辞典, un dictionnaire tout en chinois, mais un dictionnaire chinois-français ferait aussi bien l'affaire.</p>
<ol>
<li>Ouvrons le dictionnaire dans la section correspondant à la lettre "D" ⓐ (on cherche par prononciation).</li>
<li>Cherchons parmi les premiers caractères prononcés avec la syllabe "dan" ⓑ (afin de taper dans les caractères au 1<sup>er</sup> ton).</li>
<li>Si l'on a une idée de l'allure du caractère, on voit rapidement qu'il s'agit du tout premier ⓒ, ce qui est renforcé par la définition qui donne "红色" ⓓ (couleur rouge).</li>
</ol>
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<img alt="Chercher par prononciation" src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/.Utiliser_un_dictionnaire_chinois/chercher_par_prononciation_m.png" />
</figure>
<p>Dans l'optique où l'on ne connaît pas le caractère du tout, on peut alternativement considérer les caractères et pressentir ceux qui pourraient correspondre de par leur composition interne, ou bien les passer un à un (ici, il y a 13 caractères prononcés <py>dan1</py>).</p>
<p class="warning">Si le ton n'est pas connu, ou si de surcroît on ne connaît le sens du caractère recherché, cette méthode peut rapidement devenir fastidieuse ; il est préférable dans ce cas de chercher à déterminer à quel mot ce caractère appartient, et utiliser un dictionnaire en ligne se basant sur la prononciation (avec ou sans les tons) du mot recherché, qui conduira au caractère, une fois identifié le mot par rapport au contexte dans lequel il apparaît. Alternativement, il m'arrive de taper ce mot "à l'oreille" au clavier sur mon ordinateur et de considérer les suggestions proposées par la méthode de saisie :) ! Enfin, si on ne connaît que le sens, un dictionnaires français-chinois constituera un bon point de départ.</p>Dictionnaires : Différents types de dictionnairesurn:md5:deb085583cd369f7d8ae61d2f663ae0c2014-03-30T08:41:00+02:002016-03-20T07:57:06+01:00ThomasOutils d'apprentissageCaractèresDictionnaireDébutantLangueLinguistiquePinyinTranscriptionVocabulaireÉcriture<p>Dictionnaires chinois-français, français-chinois, en ligne, au format papier... Que de variantes ! Lesquels utiliser en fonction de votre niveau de maîtrise du chinois ou de votre besoin ? Petit tour rapide des alternatives qui se présentent à vous...</p> <p style="color:#6c6c6c;"><em>Cet article fait partie de ma <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/03/20/Utiliser-un-dictionnaire-chinois">mini-série consacrée aux dictionnaires chinois</a>.</em></p>
<h1>Introduction</h1>
<p>Lorsque j'entends parler de "dictionnaire", l'image du Petit Robert ou du Petit Larousse s'impose en générale à mon esprit ; lorsqu'il s'agit d'une langue étrangère, ce sont les dictionnaires bilingues qui volent la vedette. Il ne s'agit là toutefois que de quelques-un des dictionnaires utiles à l'apprentissage d'une langue. Comment s'y retrouver ? Dans les sections suivantes, je vais tenter de répondre brièvement à la question en passant en revue les différentes alternatives qui s'offrent à l'apprenant soucieux de choisir le bon outil, adapté à son niveau et à la tâche considérée.</p>
<p>Une nouvelle dimension a fait son apparition depuis une vingtaine d'années, avec des dictionnaires dématérialisés, accessibles en ligne ou installés sur un ordinateur, un smartphone ou une tablette. Si le choix d'utiliser le papier ou le numérique peut se révéler très personnel, il existe un certain nombre de raisons de privilégier l'un ou l'autre en fonction des besoins et des conditions. Nous les envisagerons dans un second temps.</p>
<h1>Les différents dictionnaires</h1>
<h4>Les dictionnaires chinois-français</h4>
<p>Ils sont adaptés à la compréhension de l'écrit ou de l'oral, avec souvent la possibilité
de rechercher caractères et mots par leur prononciation ou par leur graphie (potentiellement via un système de clés). C'est l'outil de base du débutant, même si une pratique plus avancée de la langue réduira le temps potentiellement perdu si les mots ne sont pas bien identifiés au départ (je rappelle que le chinois ne sépare explicitement pas les mots par des espaces, et qu'un minimum de compréhension de la phrase aide à segmenter correctement).</p>
<h4>Les dictionnaires français-chinois</h4>
<p>Ils sont prévus pour la
traduction du français vers le chinois. D'expérience, ils ne fournissent pas toujours la transcription des résultats obtenus et souvent ne donnent pas d'indication permettant le choix de telle ou telle traduction selon ce
que l'on souhaite exprimer (surtout dans les versions papiers, fortement conditionnées par la limitation de l'espace disponible). S'ils restent utiles de ce fait aux étudiants Chinois apprenant le français ou aux apprenants disposant d'ores et déjà d'une bonne maîtrise du chinois, les débutants en mandarin sont souvent contraints de l'utiliser en complément d'un dictionnaire chinois-français.</p>
<p class="information">On notera qu'un certain nombre de dictionnaires français-chinois en ligne viennent nuancer ce propos en fournissant des phrases d'exemples d'emploi des mots et locutions, ce qui permet en général d'exclure les traductions qui ne sont pas appropriées.</p>
<h4>Les dictionnaires tout en chinois</h4>
<p> Je qualifierai ces dictionnaires de "classiques", car ils sont analogues à nos Robert ou Larousse.
Ils trouvent leur utilité dans la vérification de l'écriture ou de la
prononciation de tel ou tel caractère ou mot, ainsi que dans la
recherche de définitions. Ce n'est pas un outil adapté aux débutants car
il y fort à parier que les définitions n'auront guère de sens à leurs
yeux, ce qui sera un frein à l'identification de tel ou tel caractère
comme étant celui recherché. Préférer dans ce cas un bon dictionnaire
chinois-français. Cependant, si votre niveau de chinois devient suffisant, s'astreindre à l'utiliser est sans doute un bon investissement, car cela limite les aller-retours entre le français et le chinois.</p>
<h4>Les dictionnaires généalogiques et étymologiques</h4>
<p> Ils représentent le Graal pour ceux qui s'intéressent à la composition interne des
caractères et aux liens qu'ils entretiennent les uns avec les autres. En
plus des capacités de recherche qu'ils partagent avec les autres types
de dictionnaire (via des indexes de clés, de prononciation, voire de
sens français ou anglais), ils offrent souvent la possibilité de trouver des
caractères connaissant n'importe quelle partie les composant.</p>
<p class="information">Étant donné la nature fondamentalement sémantique du chinois, une approche compréhensive de la composition des caractères est une bonne façon d'être amené à "penser" la langue, et donc accroît à la fois sa maîtrise et la connaissance du contexte culturel et historique dans lequel elle s'inscrit.</p>
<h4>Les recueils thématiques de vocabulaire</h4>
<p>Ces listes thématiques de vocabulaire trouvent leur utilité lorsque l'on souhaite disposer d'un bon vocabulaire dans un domaine particulier (en vue d'un entretien d'embauche, pour suivre un type d'émission donné à la télévision, pour comprendre des cours à l'université, etc.). Ils ne sont à mon sens pas adaptés à un apprentissage général de la langue, car je pense que celle-ci s'apprend principalement "en situation" : ingérer quantité de vocabulaire dont on ne fera jamais l'usage à court ou moyen terme est le moyen le plus sûr de l'oublier et/ou de perdre sa motivation.</p>
<p class="information">Si vous êtes attiré vers ce type de ressource, je vous conseille de privilégier celles qui présentent les mots dans un contexte linguistique (avec des phrases ou des textes d'exemple).</p>
<h1>Dictionnaires numérique ou en ligne</h1>
<p>Les progrès de l'électronique et de l'informatique ont permis la création d'une offre significative de dictionnaires numériques ou en ligne (ces derniers nécessitant une connexion Internet). Ces dictionnaires peuvent se classer dans une ou plusieurs des catégories présentées dans la section précédente (voir dans toutes pour certains). Leur principal intérêt réside souvent dans la rapidité de recherche, que ce soit par prononciation, par composition ou même en traçant les caractères, grâce à des technologies de reconnaissance de l'écriture manuscrite.</p>
<p>Le choix d'utiliser un dictionnaire papier, numérique ou en ligne dépend vos besoin. Si vous ne disposez pas de connexion Internet ou d'un téléphone suffisamment perfectionné, le format papier peut s'avérer utile. Si vous voyagez, chargé comme un baudet, une version numérique installée sur votre smartphone vous donnera accès à l'équivalent d'un ou de plusieurs pavés remplis de connaissances, les kilos en moins.</p>
<p class="information">Personnellement, je trouve un autre avantage aux dictionnaires papiers : lorsque je cherche une définition, mon regard erre parfois sur d'autres caractères que j'apprends au passage. Les versions dématérialisées tendent à s'en rapprocher toutefois, en mettant à disposition des liens permettant de consulter rapidement les caractères ou mots qui sont liés les uns avec les autres (de par leur composition ou leur sémantique), mais on perd ce côté "aléatoire au cours de la recherche".</p>
<h1>Cas d'utilisation</h1>
<p>Cet article vous a présenté les différentes alternatives qui s'offraient à vous en terme de dictionnaires et les a associé à votre besoin ou à votre niveau de mandarin. Les prochains articles de la série seront plus appliqués, avec des explications pas-à-pas illustrant différents cas d'utilisation, afin que l'utilisation de tous ces dictionnaires n'ait plus de secret pour vous !</p>Mini-série : Utiliser un dictionnaire chinoisurn:md5:d3a76fa98ec177f319a91133b6207c6f2014-03-20T07:18:00+01:002016-08-30T17:42:44+02:00ThomasOutils d'apprentissageCaractèresDictionnaireDébutantLangueLinguistiquePinyinTranscriptionVocabulaireÉcriture<p>Le dictionnaire est l'un des outils incontournables pour l'apprentissage d'une langue, car il permet de comprendre le sens des mots rencontrés. Le chinois ne fait pas exception, mais comment procéder avec cette langue non-alphabétique, où écrit et prononciation jouent tantôt la conciliation, tantôt la différence ? Cette mini-série consacrée aux dictionnaires chinois apporte quelques éléments de réponse...</p> <figure>
<img src="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/public/articles/Utiliser_un_dictionnaire_chinois/.tous_les_dictionnaires_m.jpg" alt="Tous les dictionnaires" />
</figure>
<p>Comme expliqué en détails dans un précédent article, il existe <a href="http://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2013/11/10/Combien-de-caract%C3%A8res-dois-je-conna%C3%AEtre">de nombreux sinogrammes</a> et les Chinois en maîtrisent généralement quelques milliers pour une utilisation quotidienne et professionnelle. Ces caractères permettent à leur tour, par leur combinaison, la création de plusieurs dizaines de milliers de mots différents.</p>
<p>Ce constat explique le rôle incontournable joué par les dictionnaires comme outil d'apprentissage, que ce soit pour les locuteurs natifs ou les apprenants étrangers. Toutefois, eu égard aux spécificités de la langue chinoise, les dictionnaires de mandarin (il y en a de plusieurs sortes) s'utilisent selon ce qui est recherché parfois relativement différemment des dictionnaires de langues anglaise ou française.</p>
<p>Je vous propose donc une mini-série sur les dictionnaires chinois, en commençant par une mise en perspective historique et linguistique, suivie d'une explication des différents types de dictionnaires existants et de leurs usages, avant de passer à la pratique via différents cas d'utilisation et de terminer par la présentation de quelques dictionnaires que je pourrais vous recommander.</p>
<div class="well">
<p><strong>Utiliser un dictionnaire chinois<br /></strong></p>
<ol>
<li><a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/03/20/Dictionnaires-%3A-Perspective-historique-et-linguistique">Perspective historique et linguistique</a></li>
<li><a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/03/30/Dictionnaires-%3A-Diff%C3%A9rents-types-de-dictionnaires">Différents types de dictionnaires</a></li>
<li><a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/04/08/Dictionnaires-:-Trouver-un-caractère-de-graphie-inconnue">Trouver un caractère de graphie inconnue</a></li>
<li><a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/06/01/Dictionnaires-:-Trouver-un-caractère-par-sa-graphie">Trouver un caractère par sa graphie</a></li>
<li><a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/03/17/Dictionnaires-%3A-Trouver-un-caract%C3%A8re-par-l-une-de-ses-parties">Trouver un caractère par l'une de ses parties</a></li>
<li>Trouver un mot (à venir)</li>
<li>Quelques références disponibles sur le marché (à venir)</li>
</ol>
</div>
<p>Le choix de ce nouveau format, sous forme de petits articles liés entre eux, est une expérience visant à proposer une publication plus régulière et moins touffue, sans pour autant renoncer à traiter les choses comme elles me paraissent devoir l'être : initialement, tout cela n'était prévu que comme un simple article ! N'hésitez pas à me faire des retours sur cette série !</p>
<div class="information">
<p>Au cours de cette mini-série, je vais décrire pas à pas différentes méthodes utilisables pour trouver un caractère dans un dictionnaire, selon si l'inconnue porte sur la graphie, le sens ou la prononciation, ou bien encore si seule une partie du caractère est connue. Si je détaille volontairement mes explications, le processus est en général assez rapide, sans compter que mieux la langue est connue, et plus il s'accélère.</p>
<p>Chaque méthode est présentée dans un contexte où elle me paraît avoir un sens, mais il est parfois tout à fait possible d'en substituer l'une à l'autre ou de les combiner en fonction de vos besoins ou de leur rapidités respectives.</p>
</div>Quelques compléments sur la langue chinoiseurn:md5:408f34778971ddf56f31b9acccf9163a2007-06-10T05:34:00+02:002016-07-16T07:16:25+02:00ThomasShanghai (2007-2009)CaractèresDictionnaireDébutantInformatiqueLangueLinguistiquePinyinÉcriture<p>Où je poursuis ma présentation de la langue chinoise suite aux questions soulevées par le précédent billet.</p> <p style="color:#6c6c6c;"><em>Cet article fait partie de la série "<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/02/15/Retour-vers-le-Futur">Retour vers le futur</a>".</em></p>
<p>Suite aux questions posées dans les commentaires du billet précédent, voici quelques petites précisions sur l'utilisation du chinois avec l'informatique, ainsi que sur la représentation d'idées plus abstraites. Me laissant emporter par mon soucis de vous faire mieux découvrir cette langue, je me laisse aller également à quelques informations supplémentaires. Puissiez-vous me pardonner.</p>
<h4>Chinois, informatique et dictionnaires</h4>
<p>La question relative à l'informatique est judicieuse. En effet, vu son mode de construction, il est clair que cette langue se révèle au premier abord tout à fait inadaptée pour ce genre de chose. En réalité, des solutions ont été trouvées. il existe plusieurs méthodes (facilement une bonne dizaine).</p>
<p>La plus courante est basée sur le pinyin (donc sur la prononciation). Les chinois tapent la prononciation du caractère qu'ils souhaitent écrire, et le système l'affiche à l'écran. Si vous avez lu le billet précédent, vous me ferez remarquer que j'ai écrit que le nombre de caractères répondant à une certaine prononciation est très important (d'autant plus que l'ordinateur ne prend pas en compte le système des tons, mais la syllabe phonétique seule). Dès lors, comment faire ? Le système est assez bien rodé, et propose la liste des caractères correspondant à cette prononciation, l'utilisateur n'ayant plus qu'à sélectionner dans la liste celui qui l'intéresse. Pour plus de commodité, les caractères sont classés par fréquence d'utilisation. les plus utilisés se retrouvant en tête des suggestions. En ce qui concerne la plupart des méthodes de saisie, cela va même plus loin, car cette fréquence d'utilisation s'adapte en fonction de ce que l'utilisateur tape. Ainsi, après quelques temps d'utilisation, le système en arrive à souvent suggérer le bon caractère. Pour lever les ambiguïtés, comme à
l'oral, il est plus souvent intéressant de taper plusieurs caractères. Le dictionnaire couplé à la méthode de saisie trouve alors facilement des mots (et non plus seulement des caractères) à suggérer, et la liste est beaucoup moins longue et souvent plus pertinente.</p>
<p>D'autres méthodes de saisie existent, basées sur différents principes. L'une d'entre elles, le Wubi, repose par exemple sur la reconnaissance des caractères lorsque l'on tape les numéros correspondant aux cinq premiers traits (on dénombre 7 formes de traits de base). D'autres reposent sur l'utilisation de "radicaux". Ce dernier point m'amène à préciser un peu mon propos.</p>
<p>Comment est construit graphiquement un caractère chinois ? Un <strong>sinogramme</strong> (l'emploi du terme "hiéroglyphe" est proscrit, car même s'il y a certains points communs, les différences entre les caractères chinois et les hiéroglyphes égyptiens sont suffisamment importantes pour justifier une nette distinction) est écrit dans un <strong>carré</strong> et est usuellement composé d'une ou plusieurs parties, chacune étant souvent un caractère existant déjà seul. En voici quelques exemples : le caractère 好 <py>hao3</py> (signifiant "bon, bien" et utilisé dans 你好 <py>ni3hao3</py> = bonjour) est composé de deux parties. La partie gauche représente la femme 女, celle de droite l'enfant 子. Une femme avec son enfant, c'est bien, non ? Le caractère 字 <py>zi4</py> (qui signifie justement "caractère") comporte lui aussi deux parties, celle du haut étant le toit (mais qui n'existe pas seule en tant que caractère), celle du bas étant encore l'enfant (les caractères, n'est-ce pas ce que les enfants doivent apprendre à la maison ?).</p>
<p>Certaines de ces parties sont appelées "radicaux" (部首). Il s'agit de parties revenant dans un grand nombre de caractères, et étant très souvent liées à leur sens. Le plus souvent, c'est la première partie du caractère en question (celle de gauche ou du haut). Une classification par partie peut ainsi être à la base de certaines méthodes de saisies. Une fois le radical (ou "clé") trouvé, le système propose la liste des caractères comportant cette clé.</p>
<p>C'est ainsi que l'on retombe par ce système une réponse sur une autre question qui m'a été très souvent posée. Comment retrouver un caractère dans un dictionnaire ? Là encore, les classifications varient selon les dictionnaires. Certains sont classés par prononciation pinyin, d'autres par nombre de traits constituant les caractères, d'autres par radicaux. Les plus couramment utilisés, dont celui que j'utilise, classent leurs caractères par leur prononciation (d'abord par la syllabe, puis par le ton). Dès lors comment faire pour un caractère dont on ne connaît pas la prononciation (ça arrive très souvent lorsque l'on veut lire un texte) ? Et bien, au début de ce dictionnaire, il y en a un deuxième, plus petit, faisant appel aux radicaux. On commence par chercher le radical. Celui-ci se trouve en parcourant une table, dans laquelle les clés sont classées par nombre de traits. Ce radical trouvé nous renvoie à une table dans laquelle se trouvent tous les caractères comportant cette clé, eux-même classés selon le nombre de leurs traits <em>hors radical</em>. Dès lors, on trouve soit la page du dictionnaire correspondante au caractère rechercher, soit sa prononciation (comme c'est le cas pour mon dictionnaire), auquel cas, la recherche dans le vrai dictionnaire peut alors commencer. C'est un peu fastidieux ! on notera cependant que maintenant des technologies de reconnaissance des caractères existent, et qu'avec un PDA, écrire le caractère au stylet suffit bien souvent à le retrouver en quelques secondes.</p>
<h4>Représentation des idées abstraites</h4>
<p>La conception du chinois à partir d'éléments concrets n'empêche pas d'avoir recours à des éléments beaucoup plus abstraits. En effet, d'abord purement figurative au départ (c'est à dire représentant des objets concrets), la langue a très rapidement élargi son spectre de vocabulaire en faisant appel à une compréhension plus abstraite des associations d'éléments. Ainsi, la tranquilité (安) se retrouve formé du toit et de la femme (mon prof de chinois prétendait que lorsque la femme est à la maison, l'homme est tranquille ! – une simple plaisanterie, selon moi). Le repos (休) est formé d'un homme endormis sous un arbre. Une période de temps (星) est formé par le caractère "étoile", formé lui-même du Soleil et du caractère 生 signifiant "naître". Le caractère (我), signifiant "je", est formé d'un bâton et d'une hallebarde (c'est un peu belliqueux..., vestige des temps anciens, sans doute). Le caractère "penser" (想) est formé d'un arbre (木), d'une œil (目) et du cœur (心). Penser, c'est être comme "un cœur qui regarde caché derrière un arbre", c'est à dire "voir de loin, avec du recul, et avec le cœur".</p>
<h4>Le chinois et les lettres</h4>
<p> Les Chinois utilisent un clavier américain QUERTY (ce qui m'énerve parfois, car je tape du français avec un clavier de ce type paramétré en tant que clavier français). Ils ont donc depuis l'arrivée des Européens en Chine appris à utiliser ce système de lettres, bien que ne l'ayant pas intégré dans leur langue, qui ne comporte pas d'éléments purement phonétique, mais reste basée sur le sens. Lorsqu'ils utilisent des lettres, les Chinois les prononcent à l'américaine, un peu comme nous ferions avec des mots empruntés à d'autres langues.</p>
<h4>Le chinois et les mots étrangers</h4>
<p>Le français, on le sait, a importé beaucoup de mots d'autres langues au cours de son histoire (récemment à l'italien au 18e siècle, et à l'anglais encore plus récemment). L'anglais a importé un très grand nombre de mots du français (il suffit de lire de l'anglais un tant soit peu technique pour le remarquer immédiatement). Comment font les Chinois ? En fait, il y a deux cas de figure : soit le mot est traduit au niveau de son sens (c'est le cas de 电影 <py>dian4ying3</py>, le cinéma, qui signifie littéralement "l'ombre électrique"), soit il est importé phonétiquement. C'est le cas lorsque des Chinois vous proposent de vous donner un nom dans leur langue, ainsi que pour les noms de marques par exemple. Danone est appelé 达能 <py>da2neng2</py> en Chine, ce qui n'a aucun sens. Carrefour, a été traduit par "家乐福" <py>jia1le4fu2</py> (famille, joie et bonheur). Là, on remarque qu'en plus de l'aspect transcription phonétique, les traducteurs ont essayé de choisir des caractères donnant une bonne connotation. C'est encore plus visible pour Coca-Cola, qui est devenu 可口可乐 <py>ke3kou3ke3le4</py>, littéralement "bon à boire, et qui procure de la joie".</p>
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<div class="panel-heading">Commentaires rétrospectifs (16/07/2016)</div>
<div class="panel-body"><ul>
<li>S'agissant d'une publication rétrospective, les commentaires auxquels il est fait référence ne sont plus visible sur ce nouveau site, et ce car ils n'étaient pas sauvegardés dans l'archive que j'ai <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/02/15/Retour-vers-le-Futur">retrouvée</a> de l'ancien site.</li>
<li>Il est amusant de voir ma référence à la reconnaissance d'écriture sur PDA. À l'époque, l'un de mes collègues chez Air Liquide avait justement ça, et à ce moment-là ce n'était pas encore la folie des smartphones (l'iPhone avait été présenté quelques mois auparavant seulement). Ce que je n'imaginais pas, c'est qu'un jour je travaillerais justement pour cette technologie magique qu'est la reconnaissance d'écriture !</li>
</ul>
</div>
</div>Quelques caractéristiques générales sur la langue chinoiseurn:md5:37b8a50b0d493cb09f699f229e3823bf2007-06-09T16:43:00+02:002015-07-25T06:07:30+02:00ThomasShanghai (2007-2009)CaractèresCoursDébutantGrammaireLangueLinguistiquePinyinTranscriptionÉcriture<p>Où je fais une introduction très générale à ce qu'est la langue chinoise.</p> <p style="color:#6c6c6c;"><em>Cet article fait partie de la série "<a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/02/15/Retour-vers-le-Futur">Retour vers le futur</a>".</em></p>
<p>Aujourd'hui, comme souvent le weekend, je me réveille vers 9h00 et travaille mon chinois jusqu'à midi. Mine de rien, je pense que peu à peu je fais des progrès. Le rythme peut parfois cependant me sembler un peu
lent, mais ce n'est après-tout qu'une vaste entreprise de mémorisation. Pour ceux qui ne connaîtraient pas réellement les caractéristiques principales de la langue chinoise, je vais vous les exposer brièvement.</p>
<p>Le chinois est une langue très ancienne, l'une des plus anciennes encore parlées à ce jour qui descende directement de l'Antiquité. Si l'on songe à toutes les modifications que notre langue a pu connaître depuis ses origines, qui font intervenir à des degrés divers l'égyptien hiéroglyphique, le phénicien, le grec, le latin, les langues germaniques et j'en passe, c'est tout de même assez impressionnant. Il faut savoir qu'avec un peu d'entraînement, il est toujours possible pour des Chinois de lire des textes datant de plusieurs siècles avant notre ère ! Les signes ont changé, évolué, mais sont restés suffisamment semblables pour qu'une étude rigoureuse permette d'en retrouver le sens. Je défie le Français moyen de faire ça avec notre langue !</p>
<p>La forme que j'apprends est le chinois mandarin (appelé 普通话 <py>pu3tong1hua4</py>, ce qui signifie langue commune). En effet, il n'y a pas une langue chinoise, mais une multitude de dialectes. Le côté extraordinaire du chinois, c'est que toutes ces langues régionales (à la prononciation tellement différente d'une province à l'autre que les Chinois ne peuvent pas se comprendre entre eux) ont en commun la même écriture (à de petites nuances près, il est vrai. Par exemple le cantonais possède certains caractères que les autres dialectes n'utilisent pas). Le mandarin n'est autre que l'un de ces dialectes, très proche du dialecte parlé à Pékin, et donc de ce fait promu langue nationale par le Parti Communiste. Celui-ci tente en effet, à l'instar de ce qui a été fait en France à une époque, de museler les dialectes au profit d'une langue unique, le mandarin. La scolarité est de ce fait entièrement dans cette langue, de même que tout ce qui a trait aux médias ou à l'administration. Toutefois, ces dialectes restent largement employés dans la vie quotidienne. A Shanghai, les gens parlent souvent le Shanghaien, langue dont je ne comprends pas un traître mot.</p>
<p>D'où vient cette universalité de l'écriture dans un pays immense, dont les gens ne sont pas à même de se comprendre à l'oral ? Ce n'est bien sûr pas l'œuvre de la nature, mais bien l'empreinte de la main de l'homme. Cette homme en question, c'est l'empereur Qin (220 avant JC), qui le premier unifia la Chine sous un seul et unique pouvoir (de fer, soit dit au passage). Ce personnage très important dans la mémoire des Chinois a imposé une écriture standard, ainsi que des unités de mesure unifiées (songer que nous avons attendu la Révolution de 1789 pour faire la même chose en ce qui concerne ce dernier point...). Depuis lors, malgré les bouleversements, la fin de l'Empire, les débuts de la République de Chine, et l'avènement de la République Populaire de Chine, ces acquis demeurent (l'empereur Qin n'a d'ailleurs pas laissé que ce souvenir. Son nom serait à l'origine du mot "Chine" en Français, selon la majeure partie des historiens). Aujourd'hui, le Parti tente de relever le même défi qu'il y a plus de 2000 ans en ce qui concerne la langue orale, avec il est vrai des moyens de communications n'ayant rien à voir avec ceux de l'époque !</p>
<p>L'écriture chinoise a une dimension magique dans l'esprit des habitants de l'Empire du Milieu, allant bien plus loin que notre seul amour des belles œuvres littéraires et poétiques. Certains caractères portent bonheur. D'autres servent à éloigner les mauvais esprits. D'autre encore peuvent participer à la guérison des maladies.</p>
<p>Son organisation grammaticale comporte également des différences significatives avec nos langues indo-européennes. L'une des questions que l'on m'a souvent posées a trait à l'<em>alphabet</em> chinois. Combien de signe le composent ? il s'agit là d'une méprise, au demeurant pardonnable. Le chinois est la seule langue majeure dans le monde <em>à ne pas avoir d'alphabet</em> ! (le japonais en a deux, les Coréens ont depuis longtemps remplacé leurs signes par un alphabet...). Les mots ne sont pas composés de lettres, et donc ne sont pas liés à des aspects phonétiques (en fait, la prononciation peut être donnée par certaines parties des caractères, mais ce n'est pas systématique, et n'a rien à voir avec le lien très fort entre l'écrit et l'oral qui existe chez nous). Le chinois est construit à partir d'idéogrammes (représentation d'un concept, l'amour par exemple), de pictogrammes (représentation d'un objet concret, un arbre par exemple) et d'idéophonogrammes (qui donne une indication phonétique en sus). Dans le cas des idéogrammes, un caractère représente une idée. Cela explique le grand nombre de caractères nécessaires : il faut pouvoir construire l'ensemble du vocabulaire à partir de ces atomes de sens. En Français, on retrouve parfois des combinaisons similaires à celles opérées en chinois, lorsqu'il s'agit de mots récemment ajouté à notre langue. Toutefois, pour créer ce nouveau mot, nous avons souvent combiné deux mots dont la transcription est bien évidemment liée à une notion phonétique.</p>
<p>Pour bien éclaircir ce point, voici un petit exemple. Le mot "téléphone" est assez récent en Français (il n'y avait pas de téléphone avant !). Il est composé de deux mots dérivant du grec, le premier "τελε" (télé) signifiant "loin", le deuxième venant de "φονη" et signifiant "la voix". Le téléphone est donc "ce qui transporte la voix au loin". On est bien parti d'idées pour créer ce mot. Pour autant, les deux "atomes" considérés n'en sont pas, et sont eux même pris par les aspects phonétiques. Le chinois reste cohérent jusqu'au bout. "Téléphone" se dit 电话. 电 représente l'éclair, et par conséquent l'électricité. Il s'agit d'une lumière au bout d'un bâton. Il s'agit bien d'un idéogramme, une façon écrite d'illustrer une idée. 话, construit de la même façon, signifie "la voix". Ces deux caractères mis ensembles forment le mot 电话, c'est à dire la "parole électrique". Tout le chinois fonctionne selon ce principe, ce qui implique un grand nombre de caractères différents (Ballo travaille sur une langue qui serait formé d'un nombre minimal de radicaux. Il vous expliquera cela mieux que moi, je pense, n'est-ce pas, Ballo ?).</p>
<p>Nous avons ainsi vu comment construire des mots. Mais ce qui est magique en chinois, c'est que les caractères eux-mêmes sont construits selon le même principe. La clarté (明) est ainsi formée du Soleil (日) et de la Lune (月). L'Est (东) est formé du soleil (日) se levant au-dessus d'un arbre (木). Ce dernier exemple est moins flagrant, du fait de la simplification de l'écriture chinoise (c'est pour moi l'occasion d'aborder ce point dans le prochain paragraphe). La forme traditionnelle est 東. On voit tout de suite comment c'est construit.</p>
<p>La simplification de l'écriture chinoise a eu lieu dans les années 50, sous l'impulsion du Parti Communiste (même si l'idée est plus ancienne). C'était un moyen de faciliter l'accès des masses à l'écriture. Malheureusement, cette opération n'a pas eu que des avantages, et la simplification à tout va a parfois fait disparaître les informations de construction des caractères, augmentant la difficulté à deviner leur sens à partir de leur graphie.</p>
<p>Une autre question que l'on peut se poser a trait à la forme des caractères. Pourquoi sont-ils si abrupts ? Il faut savoir que ce n'a pas toujours été le cas. Dans l'Antiquité, ils ont même été ronds à certaines époques. En fait, la forme est tout simplement liée aux instruments d'écriture utilisés, qui au cours de 3 millénaires ont évolué avec les techniques. Au départ, la gravure se faisait avec une pierre tranchante à l'intérieur des carapaces de tortue, plus tard, des poinçons ont servi à graver le cuivre. Enfin, ce qui a donné la forme de l'écriture telle qu'elle est utilisée aujourd'hui est tout simplement le pinceau, qui a connu ses heures de gloire avec une autre invention chinoise indissociable de notre quotidien : le papier.</p>
<p>En ce qui concerne la grammaire, elle est des plus simple en chinois. Il n'y a pas de conjugaison, pas de pluriel, pas de déclinaisons, pas de désinences, pas d'articles... Les mots sont des concepts généraux, qui prennent leur sens en fonction de leur position dans la phrase, suivant des syntaxes très précises. En voici un exemple pour une phrase courante : [CC de temps] + sujet + [CC de lieu] + verbe + [COD]. Il existe un grand nombre de constructions différentes, mais très précises. Hors de ces règles, le chinois devient incompréhensible. L'absence de conjugaison est compensée par l'adoption de CC de temps, qui enlèvent la plupart des ambiguïtés (le chinois est toutefois moins précis que le français dans la plupart des cas). C'est une langue concise, de mots clés, qui cherche plus à transmettre des idées que des belles phrases (la poésie chinoise réussit toutefois avec brio à relever ce second défi).</p>
<p>Le fait qu'il n'y ait pas d'article induit une autre conséquence. Les mots employés pour désigner des choses parlent toujours d'ensemble d'éléments, et non d'élément en particulier. Par exemple, le caractère "homme" (人) désigne en réalité l'ensemble des hommes, c'est à dire l'humanité. Le mot "livre" (书) désigne l'ensemble des publications. Le chinois a alors recours à ce que l'on appelle un "classificateur" (量词). Celui-ci a pour sens "un élément de l'ensemble". Ainsi, en considérant les classificateurs 位 et 本, dédiés respectivement aux hommes et aux livres, on obtient "un homme" (一位人) et "un livre" (一本书), "一" signifiant "un" (en terme de nombre, pas d'article).</p>
<p>Une autre question qui m'a souvent été posée porte sur le nombre de caractères à savoir pour pouvoir dire que l'on sait parler chinois. la réponse n'est pas si évidente que ça. L'apprentissage est généralement basé sur la fréquence des caractères, et non des mots (ce qui fait qu'après 3 ans de chinois, je parle moins bien la langue qu'au bout d'un an d'espagnol). On estime qu'avec 3000 caractères (et plusieurs dizaines de milliers de mots formés avec eux), on peut se débrouiller à peu près dans la vie courante et dans la lecture des journaux. Les Chinois eux-même maîtrisent de l'ordre de 6500 à 7000 caractères. Les imprimeurs et les ordinateurs ne possèdent d'ailleurs pas plus de ces caractères, donc cela couvre la quasi-totalité des publications. Toutefois, il existe de nombreux autres caractères, fort peu fréquents, mais cruciaux dans certains domaines. Si l'on compte les variantes et les évolutions, on arrive à des totaux de 70000 à 80000 caractères existants. inutile de dire que personne ne les maîtrise tous...</p>
<p>Je viens ainsi de vous donner en quelques lignes les principales caractéristiques du chinois écrit. Reste à aborder l'aspect oral. C'est extrêmement compliqué pour des étrangers, beaucoup plus même que l'écriture (qui se résume en fait à un apprentissage méthodique des différents caractères et à l'application bête et méchante d'une syntaxe immuable). il existe de très nombreux caractères, mais très peu de syllabes (une centaine peut-être, pour des milliers de caractères). Dès lors, tout ou presque se prononce de la même façon. L'oral est donc un vrai casse-tête. Heureusement (ou malheureusement, c'est selon), le chinois a introduit des "tons". il s'agit d'inflexions de la voix, tantôt montante, tantôt descendante, tantôt brève, tantôt longue. La plupart du temps, cela aide beaucoup. Les Chinois utilisent également très peu de mots monosyllabiques, sauf pour des mots vraiment très courants, car cela augmente les risques d'incompréhension. Un mot chinois est donc usuellement constitué de deux caractères, ce qui lève pas mal d'ambiguïtés. En tant qu'étranger étudiant la langue chinoise, je suis en mesure de livrer cette confidence à l'encontre des tons : <strong>les tons sont le point auquel les étrangers doivent faire le plus attention s'ils veulent avoir un espoir d'être compris, alors que les Chinois ne les font pas de façon réellement rigoureuse</strong>. Mais eux se comprennent sans bien les faire, ce qui n'est pas notre cas... Il faut savoir être humble, le chinois est délicat à apprendre. Cela explique parfois que lors de certaines cérémonies officielles, des hommes politiques étrangers essayant de flatter l'ego des Chinois en prononçant quelques mots dans leur langue, se retrouvent face à une assemblée hilare. Un ton mal prononcé peut changer le sens du tout au tout.</p>
<p>Pour simplifier l'apprentissage du chinois, notamment dans les écoles, le gouvernement chinois a mis en place dans les années 50 une transcription officielle, appelée le <em>pinyin</em> (拼音 pinyin, signifiant "transcription" en chinois). Cette transcription a eu l'immense mérite de simplifier la jungle des transcriptions nées des efforts des Européens pour rendre le chinois plus abordable à ceux désirant l'étudier. C'est par le biais de transcriptions variant d'un pays à l'autre que l'on a obtenu "Pékin" en français, "Pekino" en italien etc... La transcription officielle est maintenant <py>Bei3jing1</py>. Cette transcription a l'avantage d'être plus légitime que les autres car provenant des chinois eux-même. Il est à noter cependant qu'elle n'est pas parfaite et aurait pu gagner à être plus claire (pour les chinois, pourquoi dit-on 路 et 许, avec un "<py>u</py>" dans les deux cas, alors que l'un est "u" et que l'autre se prononce "ou" ? Le "<py>ü</py>" existant dans la transcription, pourquoi ne pas l'avoir utilisé ?). Il y a certainement des raisons qui m'échappent. On remarquera que la transcription mise en place par l'EFEO (Ecole française d'Extrême Orient) au 19<sup>e</sup> siècle, et qui a fait beaucoup pour faire connaître la Chine aux Européens est à l'origine de beaucoup de termes notamment historiques qui s'écrivent différemment dans les livres en français traitant de l'histoire de Chine et dans les livres chinois. Par exemple, si les chinois voient écris "Tchang Kaï-chek", je doute qu'ils reconnaissent aisément "Jiang Jieshi" !</p>
<p>Voilà, je pense avoir fait le tour des principales caractéristiques du chinois ! C'est assez en tout cas pour aujourd'hui. j'ai sans doute oublié plein de choses, aussi ne manquerai-je pas de vous en faire part au cours de prochains billets. Si vous avez des remarques, des questions ou des commentaires, n'hésitez pas à les formuler. Je trouve agréable d'avoir un blog vivant !</p>
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<div class="panel-heading">Commentaires rétrospectifs (25/07/2015)</div>
<div class="panel-body"><ul>
<li>Il est intéressant de relire, des années après, un tel article. Comme on le dit familièrement, de l'eau a coulé sous les ponts, et j'ai depuis approfondi nombre d'aspects liés à la langue et à la culture chinoise. Il en résulte la détection, parfois, d'approximations voir de contre-sens que je n'aurais pas vu à l'époque.</li>
<li>J'ai légèrement retravaillé le texte par endroit, afin notamment de faire apparaître les notions de pictogrammes et d'idéophonogrammes, le chinois ne se limitant pas eux seuls idéogrammes.</li>
<li>Sur le sujet du nombre de caractères à connaître, je vous renvoie pour plus de précision vers <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2013/11/10/Combien-de-caract%C3%A8res-dois-je-conna%C3%AEtre">un article plus récent</a> dédié à cette question.</li>
<li>Langue de Ballo (i.e. Matthieu, un fidèle lecteur de ce site) est décrite sur son propre blog dans <a href="http://www.notesdevoyage.com/journal/index.php?post/2011/07/21/159-la-langue-laramin-publiee">cet article</a>.</li>
<li>Je vous invite également à lire mon article sur la façon de <a href="https://www.voyage-est.com/blogs/voyage-est/index.php?post/2014/01/19/%C3%89crire-en-chinois-%3A-l-ordre-des-traits">tracer les caractères chinois</a>.</li>
</ul>
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